jeudi, mai 16, 2024
International

France – Algérie : le gaz, ma chérie

FRANCE – ALGÉRIE : LE GAZ, MA CHÉRIE

L’attitude du président français Emmanuel Macron envers l’Algérie, caractérisée par des démonstrations d’affection et des gestes de rapprochement avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, suscite des interrogations, notamment en ce qui concerne les importations massives de gaz algérien par la France.

Au cours des trois premiers mois de 2023, les importations de gaz algérien en France ont atteint un niveau dépassant les 90%, ce qui soulève des questions sur les motivations de cette relation privilégiée.

Il convient de noter que cette situation découle en partie du choix des dirigeants algériens de fournir à la France une quantité considérable de gaz et de pétrole à des tarifs avantageux depuis le déclenchement de la crise russo-ukrainienne.

Cette décision a eu un impact significatif sur les relations entre les deux pays, avec l’Algérie qui semble avoir fait des concessions importantes en échange de faveurs françaises.

Malgré plusieurs occasions où l’Algérie aurait pu adopter une position plus ferme vis-à-vis de la France, les dirigeants algériens ont souvent opté pour la complaisance. Des exemples notables incluent l’affaire Amira Bouraoui, où l’ambassadeur d’Algérie en France a été rappelé puis réintégré sans conditions, la réduction des visas pour les Algériens,  les déclarations provocatrices d’Emmanuel Macron concernant le régime algérien, etc.

Au lieu de réagir de manière vigoureuse à ces incidents, les dirigeants algériens ont cherché le soutien de la France pour échapper à des sanctions américaines liées à leurs achats d’armes à la Russie.

Cette coopération s’est manifestée par une réunion bilatérale de haut niveau entre les ministres des deux pays à Alger. En échange de concessions sur la question du Sahara marocain et de la protection des intérêts de certains militaires algériens ayant des biens et des familles en France, l’Algérie a payé un prix élevé dans cette relation déséquilibrée.

En revanche, la France bénéficie d’un approvisionnement en pétrole et gaz à des coûts avantageux tout en maintenant une influence significative sur l’Algérie.

Au cours des six premiers mois de 2023, les importations de gaz algérien en France ont augmenté de manière spectaculaire, de 92,1%. Cette augmentation substantielle reflète la profondeur de l’accord entre Macron et Tebboune, qui semble être motivé en grande partie par des considérations géopolitiques liées à la position de la France sur la question du Sahara marocain.

Selon les données rapportées par le site spécialisé Attaqa, citant un rapport des douanes françaises, la France a représenté près de 50% des importations mondiales de gaz algérien. Malgré cette augmentation substantielle des importations, le coût de cette ressource reste relativement bas par rapport à la quantité obtenue.

Par exemple, la valeur des exportations algériennes de pétrole brut vers la France au premier semestre 2023 s’est élevée à seulement environ 9,4 millions d’euros.

De même, les importations françaises de produits pétroliers dérivés de l’Algérie ont atteint un niveau record d’environ 470 millions d’euros au cours des six premiers mois de cette année, affichant une croissance d’environ 9,6% par rapport à la même période l’année précédente.

En ce qui concerne les hydrocarbures, la France a également augmenté ses importations d’hydrocarbures algériens de près de 35,1% au cours des six premiers mois de 2023 par rapport à la même période en 2022, atteignant un total de 2,9 milliards d’euros.

Cette situation illustre la dépendance croissante de la France à l’égard des ressources énergétiques algériennes, renforçant ainsi les liens économiques entre les deux pays, malgré les préoccupations liées à la souveraineté et à la politique étrangère.