dimanche, avril 28, 2024
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Sahara marocain et Afrique : lettre de 94 parlementaires à Macron

SAHARA MAROCAIN ET AFRIQUE : UNE LETTRE COLLECTIVE DE 94 PARLEMENTAIRES À EMMANUEL MACRON

Sahara marocain et Afrique: 94 parlementaires français écrivent au président de la République française Emmanuel Macron

Une Lettre de Vérité : 94 Parlementaires Français interpellent Emmanuel Macron sur les Relations avec le Maroc en particulier et l’Afrique en général

Un Cri d’Insatisfaction
Près d’une centaine de parlementaires français, loin d’ignorer le refroidissement actuel des relations entre la France et le Maroc, ont décidé de faire entendre leur voix franche et directe. Dans une lettre collective adressée au président Emmanuel Macron, ces parlementaires expriment leur mécontentement vis-à-vis de sa politique en Afrique ainsi que de sa position qui semble obsolète concernant la question du Sahara marocain.

Un Rassemblement de Voix
Cette lettre, dont la rédaction a été menée notamment par le Groupe d’amitié France-Maroc, a été remise récemment à l’Élysée et a également trouvé écho dans les colonnes du quotidien français Le Figaro. Elle porte les signatures de 94 parlementaires français, issus de divers horizons politiques. Dans un geste d’unité rare, ils plaident pour que le président français reconsidère sa position sur la question du Sahara marocain.



Une Remise en Question de la Diplomatie Française
Un paragraphe de cette lettre expose avec une certaine amertume la situation actuelle : « Les atermoiements français sur le Sahara (alors que l’Espagne et l’Allemagne ont reconnu la souveraineté marocaine) et la politique d’équilibriste du Quai d’Orsay avec l’Algérie poussent le Palais Royal à chercher ailleurs qu’à Paris des partenaires militaires ou économiques. » Ces mots, puissants et directs, soulignent les préoccupations des rédacteurs de la lettre quant à l’impact de la position de la France sur les relations bilatérales.

Une Interrogation Fondamentale
Les sénateurs français, dans une démarche d’ouverture et de remise en question, posent la question suivante à Emmanuel Macron : « N’est-il pas temps de remettre à plat notre vision de l’Afrique et de son lien avec la France ? » Ils soulignent également l’évolution de la perception de l’Afrique envers la France : « Il en est probablement temps, alors que l’Afrique, continent ami, ne semble plus comprendre la France, et conteste de plus en plus son rôle et sa présence. »

Un Appel à la Réflexion
Cette lettre collective reflète une certaine inquiétude parmi les parlementaires français quant à l’orientation de la politique étrangère de la France envers le Maroc et l’Afrique en général. Elle appelle à une réévaluation de la relation avec l’Afrique et à une redéfinition du rôle de la France sur le continent. Dans cette missive, les parlementaires expriment une volonté de voir une France qui répond aux défis actuels et qui maintient des relations mutuellement bénéfiques avec ses partenaires africains.



Voici le texte intégral de la lettre :

«Emmanuel Macron, Président de la République, Palais de l’Élysée 55-57, rue du Faubourg Honoré 75008 Paris.

Paris, le 03 août 2023

Monsieur le Président de la République,

Depuis plusieurs années, nous interpellons nos gouvernements successifs sur la place et le rôle de la France en Afrique. Se contenter, comme certains ministres l’ont fait, de nous qualifier de nostalgiques de la Françafrique est une aberration qui a servi à dissimuler échecs et reculades.

Aujourd’hui le Niger, hier le Mali, la Centrafrique, le Burkina Faso ont rejeté la France, les forces françaises, les entreprises françaises. À nos dépens, après l’échec de l’opération Barkhane, voilà les milices Wagner, peu sourcilleuses des Droits humains ou de démocratie, mais parfaitement disponibles pour tous les dictateurs ou les dirigeants se maintenant au pouvoir en coalisant leurs populations contre l’ancienne “puissance coloniale”.

Ce mouvement en Afrique subsaharienne se propage avec des manifestations et des actes anti-français jusque dans les pays réputés proches de nous, comme la Côte d’Ivoire ou le Sénégal. En Afrique du Nord, que de déconvenues là aussi. Le Président Abdelmadjid Tebboune, parvenu au pouvoir dans des conditions difficiles du fait du Hirak, fait souffler le chaud et le froid, parlant parfois de rapprochement et d’une visite officielle (régulièrement déprogrammée) et parfois du “Grand Satan” français responsable de tous les maux du peuple algérien.

Ce mouvement de balancier pousse de nombreux responsables français à remettre en cause les accords de 1968, qui n’ont d’ailleurs plus de sens. Au Maroc, les atermoiements français sur le Sahara (alors que l’Espagne et l’Allemagne ont reconnu la souveraineté marocaine) et la politique d’équilibriste du Quai d’Orsay avec l’Algérie poussent le Palais Royal à chercher ailleurs qu’à Paris des partenaires militaires ou économiques.



En Tunisie, l’erratique Président Kaïs Saïed se tourne quant à lui alternativement vers les États-Unis, l’Union européenne, le monde arabe, et de moins en moins vers la France qui n’a plus un rôle privilégié. Monsieur le Président de la République, nous ne sommes pas des nostalgiques de Savorgnan de Brazza, nous ne rêvons pas de l’Afrique Occidentale Française ou de l’Afrique Équatoriale Française, nous savons que l’ère Foccart est totalement révolue. Mais nous ne comprenons pas l’évolution de la politique française en Afrique tant sur le plan militaire, que sur la notion de codéveloppement ou sur la coopération culturelle et linguistique.

Aujourd’hui, la Françafrique d’hier est remplacée par la Russafrique militaire, par la Chinafrique économique ou l’Américafrique diplomatique. Et que dire, malheureusement, de la régression de la Francophonie par rapport à la langue anglaise? Monsieur le Président, n’est-il pas temps de remettre à plat notre vision de l’Afrique et de son lien avec la France? Vous en avez eu, à plusieurs reprises l’intention… Il en est probablement temps, alors que l’Afrique, continent ami, ne semble plus comprendre la France, et conteste de plus en plus son rôle et sa présence.

Pour notre part, nous ne nous résignons pas à notre disparition progressive de l’ensemble du continent.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de nos sentiments les plus respectueux».