lundi, décembre 2, 2024
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Le patronat tunisien rejette la décision du Maroc de réviser l’accord de libre-échange

Tunisie : Le patronat tunisien rejette la décision du Maroc de réviser l’ALE




Maher Ben Aissa, vice-président de la Chambre nationale des sociétés de commerce international, rejette la décision des autorités marocaines de réviser partiellement l’accord de libre-échange avec son pays, estimant que le déficit commercial en faveur de la Tunisie n’est pas important.

Maher Ben Aissa





Le patronat tunisien est vent debout contre la décision du Royaume du Maroc de réviser son accord de libre-échange avec la Tunisie, excluant des produits et soumettant d’autres à une taxe unique.

Maher Ben Aissa, vice-président de la Chambre nationale des sociétés de commerce international, a appelé, dans une interview accordée à une radio locale, le gouvernement de son pays à saisir une nouvelle fois l’Organisation mondiale du commerce (OMC), comme ce fut le cas lors du différend portant sur les cahiers scolaires tunisiens.

Pour rappel, Rabat avait fixé en janvier 2019 des droits antidumping compris entre 15,69% et 27,71% ses ces produits. Le recours à l’Organisation mondiale du commerce a permis de donner, en juillet 2021, raison à la plainte de la partie tunisienne mais le Maroc en a fait appel en août dernier.

Outre cette piste, il a invité «le pouvoir politique à entrer en action et soulever ce problème avec les frères marocains». Après avoir brandi cette menace, le responsable a changé de fusil d’épaule. «Notre deuil est double.

Le rêve du grand Maghreb et du marché maghrébin est en train de se volatiliser. La décision des autorités marocaines est un coup dur pour nous (les exportateurs, ndlr) et pour les jeunes tunisiens qui rêvent de voir un jour un marché maghrébin unifiée».




Le responsable Tunisien reconnaît que son pays a pris les mêmes mesures

Maher Ben Aissa a, par ailleurs, rejeté les arguments présentés par les autorités marocaines pour justifier la révision de l’accord de libre-échange avec son pays.

Il a commencé par reconnaître que la Tunisie exporte annuellement vers le royaume 708 millions de dinars, soit environ 2,5 milliards de dirhams contre des importations qui ne dépassent pas 307 millions de dinars (environ 983 MDH).

Néanmoins, il s’est refusé à donner des détails sur l’ampleur du déficit. «Certes, la balance commerciale est en faveur de la Tunisie mais cela ne justifie pas la prise de telles mesures.

Par exemple, nous avons un déficit avec la Turquie qui dépasse les 3 milliards de dinars (…) Je répète qu’avec le Maroc, nous avons des relations historique et un marché maghrébin» en suspens, a-t-il ajouté. Ben Aissa a reconnu «les répercussions économiques» de la décision des autorités marocaines «sur les exportateurs tunisien».

Le vice-président de la Chambre nationale des sociétés de commerce international a également réitéré son appel au gouvernement de son pays à initier un dialogue rapide avec le Maroc en vue de parvenir à une solution de consensus sur ce dossier.




Il a conclu son intervention par rappeler que la Tunisie a pris les mêmes mesures, en novembre et décembre, pour limiter son déficit commercial aves ses partenaires internationaux, qu’il a estimé à 16 milliards de dinars (plus de 51 milliards de dirhams).

Après le départ du pouvoir de l’ancien président Moncef Marzouki, les relations politiques entre Rabat et Tunis sont froides.

Depuis, aucun sommet n’a réuni les leaders des deux pays même si le roi Mohammed VI avait à maintes reprises convié feu Beji Caid Essebssi (31 décembre 2014 – 25 juillet 2019) à se rendre au Maroc.

Une invitation adressée également, en janvier 2020, à son successeur Kaïs Saïed. Le Maroc a instauré, depuis le début de cette année, une taxe de 17,5% sur certaines de ses importations en Tunisie.

L’année dernière, le royaume avait réclamé de la Turquie une révision de l’accord de libre-échange conclu en 2006. Cet après-midi à la Chambre des conseillers, le ministre de l’Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, a défendu le bienfondé de la conclusion des ALE mais insisté sur la politique de les rééquilibrer.