jeudi, décembre 12, 2024
Société

France: Le lanceur d’alertes sur les maltraitances au tribunal de Paris sanctionné

France : Le lanceur d’alertes sur les maltraitances au tribunal de Paris sanctionné




Franco-marocain, le brigadier-chef Amar Benmohamed, qui a révélé en juillet dernier un système de maltraitance et de racisme au dépôt du Tribunal de Paris, a été sanctionné par un «avertissement» de sa hiérarchie.




Six mois après avoir révélé des centaines de cas de maltraitance et de racisme dans les cellules du tribunal de Paris, le brigadier-chef Amar Benmohamed, affecté à la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris (PP), a été sanctionné par un «avertissement» de sa hiérarchie.
Celle-ci a établi une «liste les griefs à son encontre», révèlent StreetPress et l’AFP. En effet, il est reproché à ce Franco-marocain d’avoir «refusé d’établir un rapport détaillé des faits demandé par sa hiérarchie».




Dans sa décision, le directeur du DOPC a estimé que le brigadier-chef a «manqué au devoir d’obéissance par inexécution d’un ordre».
«L’Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui a mené l’enquête, reproche également au brigadier-chef d’avoir refusé de donner les noms de certains de ses collègues qui avaient ‘dénoncé auprès de lui les comportements critiquables’», poursuit StreetPress.
Réagissant à cette sanction, Amar Benmohamed qualifie de «faux» le premier reproche. «Le jour où le lieutenant m’a demandé de faire un rapport, je l’ai fait et il le sait pertinemment», affirme-t-il.




Le policier dit aussi assumer le deuxième. «Comme je l’ai expliqué au cours de mes auditions, j’attendais de rencontrer un juge pour transmettre ces informations», précise-t-il, en expliquant vouloir «protéger d’éventuelles pressions ou représailles» ses sources.
Pour Maître Arié Alimi, «à chaque fois qu’un policier révèle des faits de racisme ou de violence, la hiérarchie policière étouffe l’affaire en inquiétant le messager».
L’avocat du brigadier-chef annonce ainsi l’intention de son client de contester la sanction par un recours auprès du tribunal administratif, qui sera déposé dans les prochains jours.




Du racisme, des insultes et des atteintes aux droits des détenus
En juillet 2020, le brigadier-chef Amar Benmohamed a révélé des centaines de cas de maltraitance et de racisme dans les cellules du tribunal de Paris, mettent en lumière des faits qui seraient déroulés au moins depuis 2017.
Ses révélations ont fait état de «propos racistes et homophobes», «privation de nourriture durant plusieurs heures, voire pendant la nuit entière», humiliations, insultes ou encore «la privation d’accès au médecin via de fausses mentions sur les procès-verbaux».
Des violations touchant non seulement les personnes condamnées mais aussi des collègues, à travers des cas de «harcèlement moral et sexuel» dénoncés.




Avant de réagir publiquement, Amar Benmohamed, né en 1972 au Maroc, d’un père qui était lui-même policier, avait contraint sa hiérarchie à réagir, par sa dénonciation écrite des insultes racistes répétées et des maltraitances en série en mars 2019. L’IGPN a été également saisie mais aucune sanction n’a eu lieu.
Au lieu de cela, «une vague de mutations» a été opérée. «Certains des fonctionnaires mis en causes par l’enquête sont encore en poste au dépôt» et «la majorité de ces officiers ont même pris un grade».
Suite aux révélations, le parquet de Paris a fini par annoncer, en juillet dernier, l’ouverture d’une enquête pour «violences volontaires.




Ceci par une personne dépositaire de l’autorité publique», «injures publiques en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion» et «injures publiques en raison du sexe et de l’orientation sexuelle».
Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait aussi indiqué des sanctions administratives, blâmes et avertissements, étaient en cours pour cinq fonctionnaires.
Il avait aussi annoncé un conseil de discipline qui devait se tenir en septembre pour l’un des fonctionnaires. Contactée par l’AFP pour connaître l’avancée de ces sanctions, la préfecture de police de Paris n’avait pas donné suite mardi soir.