samedi, octobre 5, 2024
EconomieInternationalNational

Le Maroc, 1er fournisseur de pastèques en Espagne et en France

Le Maroc, premier fournisseur de pastèques en Espagne et en France

Près des deux tiers des importations espagnoles de pastèques en 2023 provenaient du Maroc, selon les chiffres de la base de données Comtrade, gérée par la division statistique de l’ONU. Le Maroc s’est ainsi affirmé comme un acteur incontournable dans le commerce international de la pastèque, malgré les conditions climatiques difficiles et les restrictions en vigueur pour préserver ses ressources hydriques.

En effet, le Maroc, confronté à une sécheresse persistante et à des politiques de gestion stricte de l’eau, a réussi à maintenir et même à accroître sa position d’exportateur majeur. En Espagne, 65,35 % des pastèques importées provenaient du Maroc, ce qui représente un total de 78 500 tonnes pour une valeur de 52,36 millions d’euros. Le prix moyen d’importation s’élevait à 0,67 euro par kilo. Derrière le Maroc, d’autres fournisseurs comme le Sénégal et la Mauritanie ont fourni respectivement 16,11 % et 10,15 % du total des importations espagnoles de ce fruit.

Le marché espagnol a connu une transformation importante en une décennie. Alors qu’en 2013, l’Espagne occupait la 21e position mondiale des importateurs de pastèques, elle s’est hissée en 2023 au 8e rang avec un volume d’importation de 120 050 tonnes. Ce changement reflète l’importance croissante de la pastèque dans l’alimentation des consommateurs espagnols, ainsi que l’intégration accrue du Maroc dans ce commerce.

Le Maroc a également renforcé son rôle de fournisseur principal sur le marché français. En 2023, il a fourni 121 910 tonnes de pastèques à la France, ce qui représente plus de 45 % des importations françaises, loin devant l’Espagne, qui a livré 99 220 tonnes, et la Mauritanie avec 30 880 tonnes. Ces chiffres montrent l’interdépendance croissante entre les deux pays dans le secteur agricole, en particulier pour les fruits d’été comme la pastèque.

Le site spécialisé Hortinfo a également révélé que les États-Unis dominent le marché mondial des importations de pastèques, avec un volume impressionnant de 820 910 tonnes en 2023, représentant 16,83 % du total des importations mondiales. L’Allemagne suit avec 9,22 %, puis la France avec 5,55 %. D’autres grands importateurs incluent le Canada (4,97 %), la Pologne (3,61 %), les Pays-Bas (3,37 %) et le Royaume-Uni (3,36 %).

En termes de valeur, les Pays-Bas ont payé le prix le plus élevé pour leurs importations de pastèques, avec un coût moyen de 0,83 euro par kilo, suivis de la France à 0,81 euro par kilo et du Royaume-Uni à 0,77 euro par kilo. Ces prix reflètent non seulement la qualité du produit importé, mais aussi les conditions logistiques et climatiques spécifiques de chaque pays.

Ainsi, malgré les défis liés à la sécheresse et à la gestion de l’eau, le Maroc a su conserver sa place de premier plan sur les marchés internationaux de la pastèque, grâce à une production compétitive et une capacité à satisfaire la demande croissante des pays européens.




Et si le fait que le Maroc soit le premier fournisseur de pastèques en Espagne et en France n’était pas du tout une bonne nouvelle ?
Le Maroc, confronté à une crise hydrique sévère exacerbée par le changement climatique et des précipitations de plus en plus faibles, doit se poser la question de la viabilité à long terme de la production de fruits et légumes à forte consommation d’eau, tels que les melons, les avocats ou les pastèques. Ces cultures, bien qu’elles soient des moteurs économiques importants pour les exportations agricoles du pays, exercent une pression intense sur les ressources en eau, notamment dans des régions déjà vulnérables. Face à ce dilemme, il serait crucial de réfléchir à des stratégies plus durables, telles que la diversification des cultures vers des produits moins gourmands en eau, l’amélioration des techniques d’irrigation ou encore la révision des politiques d’exportation. Le maintien de ces cultures pose en effet un risque non seulement pour l’équilibre écologique, mais aussi pour la sécurité hydrique des populations locales. Un choix doit être fait entre la rentabilité économique immédiate et la gestion responsable des ressources naturelles pour les générations futures.