samedi, octobre 5, 2024
National

(Vidéo) Maroc: une grosse ferme d’algues d’une société britannique

Maroc : une société britannique veut construire une ferme d’algues

Captage et stockage de carbone : une entreprise britannique va construire une gigantesque ferme d’algues dans le Sahara atlantique marocain

La start-up britannique Brilliant Planet se prépare à lancer l’un de ses projets les plus ambitieux : la construction d’une ferme d’algues de 30 hectares dans le désert marocain, le long de la côte atlantique. Ce projet innovant, parmi les plus vastes au monde dans son domaine, vise à capturer et stocker de manière efficace le carbone atmosphérique, répondant ainsi aux besoins urgents de lutte contre le réchauffement climatique.

Le concept : capturer du carbone à bas coût grâce aux algues
Brilliant Planet s’appuie sur une technologie révolutionnaire qui consiste à cultiver des algues dans des bassins extérieurs de grande taille, implantés dans des régions désertiques côtières. L’objectif est de capturer le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère à faible coût, tout en s’attaquant à d’autres effets négatifs du changement climatique, comme l’acidification des océans. Ce procédé novateur tire parti des ressources naturelles disponibles, notamment l’eau de mer riche en nutriments et en CO2 absorbé par les océans.

Contexte et objectifs du projet
Après avoir mené des essais pilotes sur plusieurs sites désertiques à travers le monde, notamment au Chili, en Afrique du Sud et au Maroc, Brilliant Planet passe désormais à une phase de production industrielle. Le littoral désertique du Sahara marocain a été choisi pour accueillir cette installation de 30 hectares, après quatre années de recherches menées dans un centre de 3 hectares au Maroc. Ce projet de grande envergure vise à démontrer que la production de microalgues peut non seulement contribuer à la capture du carbone à grande échelle, mais aussi le faire à un coût bien inférieur à d’autres technologies de séquestration du CO2 actuellement disponibles. Pour réaliser cette vision, la start-up a levé, en avril 2023, un financement de 12 millions de dollars auprès de plusieurs investisseurs, convaincus du potentiel de ce système pour répondre aux enjeux environnementaux.

Fonctionnement du système de production d’algues
Le processus développé par Brilliant Planet repose sur la reproduction naturelle de la prolifération des algues, en recréant des conditions favorables dans des étangs extérieurs situés dans des zones désertiques inutilisées. L’eau de mer, naturellement riche en nutriments et en CO2, est pompée depuis la côte proche. En passant par une série de bassins et de réservoirs, les algues absorbent le dioxyde de carbone et se multiplient à grande vitesse. Ce cycle de croissance, qui dure entre 18 et 30 jours, permet aux algues de capturer une quantité significative de carbone. Lorsque les algues atteignent leur maturité, elles sont récoltées et l’eau, une fois filtrée, est réintroduite dans l’océan, contribuant également à réduire l’acidité de l’eau, un autre effet négatif du changement climatique. Cette approche présente ainsi un double avantage : la séquestration du carbone et la désacidification des eaux marines côtières. Une fois les algues récoltées, elles sont séchées, puis enfouies sous le sable, où le carbone qu’elles ont absorbé est stocké de manière permanente, empêchant ainsi sa réémission dans l’atmosphère. Selon les estimations de l’entreprise, ce procédé permet de séquestrer jusqu’à 30 fois plus de carbone par unité de surface et par an que les forêts tropicales, qui sont souvent considérées comme des puits de carbone majeurs.

Un modèle économique innovant
Le PDG de Brilliant Planet, Adam Taylor, a déclaré lors d’une interview que l’objectif à long terme de la start-up est de ramener le coût de la séquestration du CO2 à moins de 50 dollars par tonne, un seuil qui rendrait cette technologie très compétitive par rapport à d’autres méthodes de capture du carbone, souvent plus coûteuses. Le modèle de Brilliant Planet est également conçu pour être scalable : une fois que la ferme d’algues de 30 hectares au Maroc sera opérationnelle, cette approche pourrait être reproduite dans d’autres régions désertiques côtières du monde, permettant ainsi d’étendre ce procédé à une échelle mondiale.

Contribution à la lutte contre le réchauffement climatique
Ce projet est d’autant plus pertinent que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié en avril 2023, souligne la nécessité d’intensifier les efforts pour capturer et éliminer le carbone de l’atmosphère, en complément de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Selon le GIEC, sans une augmentation significative de ces efforts, il sera difficile de maintenir l’élévation de la température globale en dessous de 1,5 ou 2 degrés Celsius, seuils critiques pour éviter les pires conséquences du changement climatique. Le projet de Brilliant Planet s’inscrit ainsi dans cette dynamique globale visant à développer des solutions naturelles et technologiques pour l’élimination du carbone, et pourrait jouer un rôle clé dans l’atteinte des objectifs climatiques internationaux.

Perspectives pour l’avenir
La ferme d’algues de Brilliant Planet, qui devrait être opérationnelle d’ici 2025, sera une installation de démonstration commerciale qui servira de vitrine pour la technologie développée par l’entreprise. Ce site au Maroc permettra également de poursuivre les recherches et d’optimiser encore davantage le processus de production de microalgues. Si le modèle s’avère efficace à grande échelle, il pourrait être déployé dans d’autres régions désertiques du monde, renforçant ainsi la capacité mondiale de capture du carbone.

En bref…
Le projet de Brilliant Planet au Maroc représente une solution prometteuse pour lutter contre le changement climatique, combinant une capture de carbone à bas coût, une désacidification des océans, et une utilisation optimale des zones désertiques côtières. Ce modèle pourrait non seulement contribuer de manière significative à la réduction des niveaux de CO2 dans l’atmosphère, mais également offrir une voie innovante et durable vers un avenir plus respectueux de l’environnement.