Alerte sur l’exode des médecins et le déficit en personnel de santé
MAROC : ALERTE SUR L’EXODE DES MÉDECINS ET LE DÉFICIT EN PERSONNEL DE SANTÉ
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE*) alerte sur l’exode des médecins et le déficit en personnel de santé
*Le Conseil Economique, Social et Environnemental est une institution constitutionnelle indépendante. Mis en place par Sa Majesté le Roi, le 21 février 2011, il assure des missions consultatives auprès du Gouvernement et des deux Chambres du Parlement. Dans l’exercice de ses attributions, le CESE donne son avis sur les grandes orientations de développement, les politiques publiques d’ordre économique, social et en matière de développement durable et de régionalisation avancée. La pertinence de ses avis, études et propositions est liée à l’expertise mobilisée, à la capacité d’écoute et de mise en convergence de différentes composantes de la société et forces vives du pays.
La situation critique du secteur de la santé au Maroc, exacerbée par une pénurie de personnel médical et l’exode massif des médecins, suscite des inquiétudes quant à la qualité des soins et à l’accès aux services médicaux pour les citoyens marocains, comme l’a souligné le Conseil économique, social et environnemental dans son rapport annuel pour l’année 2022.
Selon les informations rapportées par le journal arabophone Al Ahdath Al Maghribia le 1er décembre, le rapport du Conseil économique, social et environnemental indique que le Maroc perd chaque année entre 600 et 700 médecins, représentant ainsi une fuite de 30% des médecins formés actuellement. Cette problématique concerne toutes les catégories de professionnels de la santé, englobant non seulement les médecins généralistes, mais également les médecins spécialisés, les professeurs et même les étudiants en médecine.
En 2022, la densité médicale et paramédicale au Maroc atteint à peine 1,7 professionnel de la santé pour 1.000 habitants, bien en deçà du seuil critique fixé à 4,45 par l’Organisation mondiale de la santé. Cette disparité inquiétante risque de s’aggraver avec la croissance démographique prévue dans le pays.
Le Conseil économique, social et environnemental met en garde contre les conséquences potentiellement dévastatrices de la conjonction actuelle de la pénurie de personnel de santé et du développement démographique anticipé. Cette situation compromet non seulement la qualité des soins, mais également l’accès aux services médicaux de manière plus générale.
Bien que le Conseil économique, social et environnemental reconnaisse que des mesures ont été prises par les autorités publiques, telles que la réduction du temps de formation de sept à six ans, ces initiatives sont jugées insuffisantes pour remédier au déficit persistant dans le secteur de la santé.
Dans ce contexte, le Conseil économique, social et environnemental formule des recommandations pour une action proactive et innovante. Parmi ces propositions figurent le renforcement des opportunités de rotation et de mobilité des professionnels de la santé dans les zones sous-dotées. En outre, le Conseil économique, social et environnemental suggère l’instauration d’un système d’augmentation progressive et systématique des salaires des professionnels du secteur, lié à une rémunération axée sur la performance, ainsi que le renforcement des compétences des praticiens déjà en exercice. Ces mesures visent à atténuer les effets néfastes de la crise actuelle et à garantir un système de santé robuste pour l’avenir.
La crise du personnel de santé au Maroc, accentuée par l’exode massif des médecins, représente une menace sérieuse pour la qualité des soins et l’accès aux services médicaux pour la population. Le rapport du Conseil économique, social et environnemental met en lumière une réalité préoccupante, avec une perte annuelle significative de professionnels de la santé dans toutes les catégories.
La disparité entre la densité médicale actuelle au Maroc (1,7 professionnel de la santé pour 1.000 habitants) et le seuil critique de la densité médicale et paramédicale fixé par l’Organisation mondiale de la santé (4,45 professionnels de la santé pour 1.000 habitants) souligne l’urgence d’agir pour éviter une détérioration encore plus importante de la situation, surtout avec le développement démographique anticipé.
Bien que des efforts aient été entrepris par les autorités, tels que la réduction du temps de formation, le rapport du Conseil économique, social et environnemental insiste sur l’insuffisance de ces mesures pour résoudre le déficit persistant. Les recommandations du Conseil économique, social et environnemental, axées sur des mesures proactives et innovantes telles que le renforcement de la mobilité des professionnels de la santé et l’amélioration des incitations salariales, offrent des pistes cruciales pour remédier à cette crise.
Il est impératif que les autorités et les parties prenantes du secteur de la santé au Maroc prennent ces recommandations au sérieux afin de prévenir une détérioration ultérieure du système de santé et de garantir un accès équitable et de qualité aux services médicaux pour l’ensemble de la population. L’adoption de ces mesures proactives contribuera non seulement à atténuer la pénurie de personnel médical, mais également à instaurer des fondations solides pour un système de santé résilient et durable à long terme.