samedi, juillet 27, 2024
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Israël-Gaza : la trêve est finie, les combats reprennent

ISRAËL-GAZA : LA TRÊVE EST FINIE, LES COMBATS REPRENNENT À GAZA

La trêve entrée en vigueur le 24 novembre entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a expiré ce vendredi matin, et les combats ont repris entre les belligérants, selon des journalistes de l’AFP sur place.

La trêve a expiré à 7h00 heure locale (5h00 GMT). « L’armée la plus morale du monde » a indiqué dans un communiqué avoir «repris le combat contre l’organisation terroriste du Hamas dans la bande de Gaza», alors que les sirènes d’alerte à la roquette retentissaient dans plusieurs localités israéliennes proches de ce territoire. Il y a déjà eu des dizaines de tirs d’artillerie et de frappes aériennes israéliennes à Gaza ville.

L’armée israélienne a par ailleurs indiqué ce vendredi matin avoir intercepté un tir de roquette depuis la bande de Gaza, peu avant l’expiration de la trêve avec le Hamas. Le système de défense antiaérien a «intercepté avec succès un tir depuis la bande de Gaza», a indiqué dans un message à la presse l’armée israélienne un peu plus d’une heure avant l’échéance de cette trêve potentiellement renouvelable.

De son côté, le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas a indiqué que six Palestiniens ont été tués ce vendredi matin dans un raid aérien israélien sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Deux enfants ont été tués dans des raids aériens sur la ville de Gaza, a indiqué à l’AFP un médecin, Fadel Naïm, à l’hôpital Ahli Arab.

Les tractations se poursuivaient tôt vendredi pour la reconduction de la trêve dans les combats dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas, qui a libéré dans la nuit des prisonniers et des otages à quelques heures de cette échéance clé.

Six Israéliens ont été libérés dans la nuit par le Hamas, après deux autres en journée, et sont rentrés en Israël, ont annoncé les services du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Dans la foulée, Israël a libéré trente Palestiniens, tous des femmes et des mineurs détenus dans des prisons israéliennes, en application de l’accord de trêve.

Le Hamas s’était dit prêt jeudi à prolonger la trêve dans la bande de Gaza, après un appel du secrétaire d’État américain Antony Blinken à poursuivre la pause des combats, à quelques heures de son expiration vendredi. «Les médiateurs mènent des efforts intenses, qui se poursuivent actuellement, pour (obtenir) un jour de trêve supplémentaire et travailler ensuite à une extension de plusieurs autres jours», avait indiqué une source proche du Hamas à l’AFP.




La trêve, déjà prolongée deux fois depuis son entrée en vigueur le 24 novembre, avait mis fin à sept semaines de bombardements israéliens dévastateurs sur le territoire palestinien assiégé, en représailles à l’attaque sanglante lancée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien.

Cette pause, négociée par le Qatar, les États-Unis et l’Égypte, a permis la libération de dizaines d’otages retenus dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre et de trois fois plus de Palestiniens détenus par Israël, ainsi que l’entrée d’aides humanitaires dans le territoire palestinien.

«Clairement, nous voulons voir ce processus continuer à avancer», avait déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, appelant à prolonger la trêve, lors d’un déplacement en Israël et en Cisjordanie occupée où il s’est respectivement entretenu avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Mahmoud Abbas.

Pause fragile

Si les combats devaient reprendre, «des plans de protection humanitaire des civils doivent être mis en place afin de minimiser les morts de Palestiniens innocents», avait ajouté le secrétaire d’État.

Signe d’une situation toujours fragile, le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël notamment, a revendiqué une attaque meurtrière jeudi à Jérusalem fatale à trois Israéliens, dont deux femmes.

La trêve a permis jusqu’à présent la libération de 80 otages israéliens, des femmes et des enfants, et de 240 prisonniers palestiniens. Une vingtaine d’étrangers ou bi-nationaux, en majorité des Thaïlandais travaillant en Israël, ont également été libérés hors du cadre de l’accord.

L’armée israélienne a estimé qu’environ 240 personnes avaient été prises en otage et emmenées dans la bande de Gaza lors de l’attaque du 7 octobre. Cette attaque a fait environ 1.200 morts en Israël, en majorité des civils, selon les autorités.

Sur la base de documents internes, le New York Times soutient d’ailleurs vendredi que des responsables israéliens avaient obtenu plus d’un an à l’avance le plan du Hamas visant à mener une attaque sans précédent contre Israël, mais avaient jugé ce scénario irréaliste.




«Ne pas s’arrêter»

En représailles de cette attaque, Israël a promis d’«anéantir» le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, pilonnant le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre qui a duré jusqu’au début de la trêve.

D’après le gouvernement du Hamas, plus de 15.000 personnes, dont au moins 6.150 enfants et jeunes âgés de moins de 18 ans, ont péri dans les frappes israéliennes.

Adam Adar, la petite-fille de Yaffa Adar, une otage de 85 ans libérée le 24 novembre après 49 jours de captivité, a appelé «les autorités israéliennes et la communauté internationale à ne pas s’arrêter tant que tout le monde ne sera pas rentré chez lui».

Adam reste sans nouvelles de son cousin Tamir. «Nous ne savons pas s’il a été blessé, s’il reçoit des soins médicaux», a-t-elle ajouté dans un entretien avec l’AFP, regrettant que «personne ne parle d’un accord pour ramener les hommes» otages à Gaza.

Se laver à Gaza

L’accord de trêve a permis d’accélérer l’arrivée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, où de longs convois de camions sont encore entrés jeudi depuis l’Egypte.

Les besoins sont immenses dans le territoire déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007 et placé depuis le 9 octobre en état de siège total par Israël.

Selon l’ONU, 1,7 million de ses 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre, et plus de la moitié des logements endommagés ou détruits. Plusieurs centaines de milliers de civils ont fui le nord du petit territoire, dévasté par les combats, pour chercher refuge dans le sud.

Des milliers d’entre eux ont profité de la trêve pour rentrer chez eux dans le nord, ignorant l’interdiction de l’armée israélienne qui y a pris le contrôle de plusieurs secteurs.

Pour les habitants de la bande de Gaza, une étroite langue de terre qui longe la Méditerranée, la trêve était aussi l’occasion de retrouver le bord de mer, pour se baigner, se laver, faire la lessive ou pêcher.