lundi, avril 29, 2024
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Les rivières du Maroc menacées par la pollution et le stress hydrique

Les rivières du Maroc menacées par la pollution et le stress hydrique




Alors que le Maroc est confronté au stress hydrique et l’irrégularité des précipitations, certains oueds des plus importants du royaume, comme Oued Sebou, sont particulièrement menacés par la pollution.




Avec une superficie d’environ 40 000 km2, le bassin de Sebou est l’un des plus importants du royaume et constitue la source en eau de plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles. Pourtant, tout comme d’autres rivières du Maroc, l’Oued Sebou est confronté à la pollution, qui affecte la qualité de ses eaux.

Ainsi, dans une étude récente, trois chercheurs du Laboratoire de gestion des sols et de l’eau de l’Institut Hassan II d’agronomie et de médecine vétérinaire (IAV) se sont intéressés à cette problématique, compilant les données en provenance des stations de surveillance de la qualité de l’eau.

Leur étude, qui a été publiée fin mars rappelle que le bassin du Sebou offre un fort potentiel d’approvisionnement en eau de surface.




Les chercheurs ont alerté sur la qualité de l’eau; ils ont également suggérés «une action urgente à prendre par les autorités». En effet, l’étude indique que dans 59% des stations de surveillance de la qualité de l’eau, celle-ci est classée comme étant à un stade avancé de dégradation.

En effet, ils rappellent que «la qualité de l’eau des rivières a tendance à être améliorée pendant la saison des pluies par rapport à la saison sèche». Toutefois, «plusieurs tronçons (de Sebou) à Meknès, à Fès et à Inaouen ne peuvent pas être utilisés pour la consommation humaine ou animale sans traitement».

L’étude fait ainsi état de quantités inhabituelles de coliformes fécaux, d’oxygène dissous, d’ion ammonium de formule brute et de phosphore total.




Ceci entre autres substances présentes tout au long de l’année. Des paramètres indiquant une dégradation de l’eau pouvant «entraîner un risque potentiel pour la santé, si les autorités ne prennent pas les décisions de gestion appropriées, étant donné que ces eaux de rivière sont régulièrement utilisées pour l’irrigation».

Pour les trois chercheurs de l’IAV, «certains polluants organiques ou bactéries peuvent s’accumuler dans les cultures, et donc affecter la santé humaine et animale».

«Il est ainsi évident que les pollutions ponctuelles telles que les rejets d’eaux usées domestiques et industrielles et les pollutions diffuses (agriculture intensive et autres) sont à l’origine de la dégradation de la qualité de l’eau des rivières du bassin du Sebou.»




Un Bouregreg affecté par le lixiviat et une baisse de son débit

Cette étude arrive à un moment où le Bouregreg, l’autre Oued traversant aussi deux régions du royaume pour finir son cours entre Rabat et Salé, fait également face à un sérieux problème de pollution.

Il y a quelques semaines, des riverains ont dénoncé des noirceurs observées dans la rivière et des odeurs nauséabondes répandues dans plusieurs quartiers de la capitale Rabat ainsi que Salé. Des élus locaux ont alors alerté qu’il s’agissait de lixiviat causé par d’importantes infiltrations depuis la décharge d’Oum Azza, via l’oued Akrach.

Si l’Etablissement de coopération intercommunal Al Assima (ECI) n’a pas expliqué la source de cette pollution, des élus et des associatifs ont dénoncé l’inaction de cette instance face à une problématique ayant été aggravée par le confinement et la crise sanitaire et qui ne date pas d’aujourd’hui. Bouregreg est également confronté à un autre problème.




Celui d’une dégradation régulière du débit d’eau du bassin versant. En effet, dans une deuxième étude élaborée par 5 chercheurs marocains du Laboratoire de géophysique et risques naturels et du Laboratoire des ressources naturelles, de l’environnement et du développement durable de l’Université Mohammed V de Rabat, l’évolution des précipitations et des débits dans le bassin versant du Bouregreg est jugé inquiétante.

L’objectif de cette étude, publiée aussi il y a quelques jours, était ainsi d’«identifier les régions les plus vulnérables au changement climatique sur une période de 36 ans de 1977 à 2013».

Ils alertent ainsi sur une tendance persistante à la baisse du débit d’eau du bassin versant du Bouregreg et ce, «malgré un retour assez important à de meilleures conditions de précipitations», durant la période étudiée, qui nécessitent des recherches approfondies sur le phénomène.