Maroc : production légale de 296 tonnes de cannabis en 2023
Maroc : production légale de 296 tonnes de cannabis en 2023
En 2021, le Maroc, leader mondial de la production de cannabis selon l’ONU, a adopté une loi légalisant la culture et l’usage médical du cannabis. Cette législation vise à encadrer la production de cette plante tout en luttant contre le trafic illégal, notamment dans les régions montagneuses du Rif (Al-Hoceïma, Chefchaouen, Taounate). Le principal objectif est de stimuler le développement économique de ces zones rurales et de créer un marché formel pour les agriculteurs, qui traditionnellement ne recevaient qu’une infime part des bénéfices du commerce illicite.
Dès 2023, la production légale a atteint 296 tonnes, marquant un tournant significatif pour l’économie locale. En seulement un an, les surfaces cultivées légalement sont passées de 300 hectares à 3 000 hectares, démontrant une forte expansion. Cette culture légale permet aux agriculteurs d’augmenter considérablement leurs revenus. Auparavant, ils percevaient environ 4 % des revenus issus de la vente de résine aux trafiquants. Avec la nouvelle loi, le gouvernement espère porter cette part à 12 %, en rééquilibrant les forces de négociation en faveur des cultivateurs. Cela pourrait se traduire par une augmentation des prix du kilo de cannabis de 1 à 2 euros, jusqu’à environ 7,50 euros pour les producteurs locaux.
Le marché légal marocain du cannabis est également structuré pour cibler des secteurs diversifiés tels que la médecine, l’aéronautique, l’agroalimentaire, ou encore le textile. L’Agence nationale de réglementation des activités liées au cannabis (ANRAC) supervise le développement de cette industrie en s’assurant que l’« or vert » soit utilisé à des fins licites et industrielles. Le marché international est également une perspective à long terme, le Maroc visant l’exportation de produits à valeur ajoutée.
Selon le fonds d’investissement américain Insight Partners, la production de cannabis légal pourrait générer jusqu’à 50 milliards de dollars d’ici 2028. Chaque année, ce secteur pourrait rapporter entre 400 et 600 millions d’euros, contribuant à la diversification de l’économie marocaine. Toutefois, malgré cette expansion rapide, des défis persistent, notamment les conditions climatiques difficiles telles que la sécheresse qui affectent les récoltes. Le Maroc compte aujourd’hui 3 300 agriculteurs agréés, soit sept fois plus qu’en 2022, ce qui témoigne du dynamisme de cette filière en pleine croissance.