4 ans de prison pour le kickboxeur Jamal Ben Saddik
Le kickboxeur belgo-marocain Jamal Ben Saddik a été condamné à quatre ans de prison par la justice belge pour son implication dans l’enlèvement d’un docker d’Anvers. Retour sur une affaire qui scelle la chute d’une figure controversée du kickboxing international.
La chute de Jamal Ben Saddik : retour sur l’affaire d’enlèvement qui met fin à la trajectoire d’un champion tourmenté
Figure emblématique du kickboxing mondial, longtemps aperçu comme l’un des rivaux les plus sérieux de Rico Verhoeven, Jamal Ben Saddik voit sa carrière sportive basculer définitivement. Le tribunal correctionnel d’Anvers vient de le condamner à quatre ans de prison pour son rôle dans l’enlèvement d’un docker lié à un dossier tentaculaire de narcotrafic. Une décision qui s’ajoute à une série de scandales et de condamnations, plongeant l’ex-champion dans une spirale qui semble désormais irréversible.
Une condamnation lourde qui marque un tournant judiciaire
Le 9 décembre, dans une salle d’audience où le silence pesait comme un verdict anticipé, le tribunal correctionnel d’Anvers a rendu sa décision : quatre ans de prison ferme pour le combattant belgo-marocain. La justice belge a estimé que Ben Saddik avait joué un rôle central dans l’enlèvement d’un ouvrier du port d’Anvers, une affaire révélée par le média néerlandais De Telegraaf. Trois autres accusés, présentés comme ses complices, ont écopé de peines comprises entre 30 mois et quatre ans, confirmant la gravité des faits.
Cette sentence vient sceller un dossier dont les ramifications plongent dans les coulisses du milieu des stupéfiants, secteur tentaculaire qui gangrène depuis plusieurs années la région anversoise, devenue l’un des hubs européens les plus sensibles du trafic de cocaïne.
Juillet 2024 : l’enlèvement d’un docker pris dans l’engrenage du narco-banditisme
Les faits remontent à l’été 2024. Le docker, conscient d’être dans le viseur de réseaux criminels après avoir été approché par des individus liés au trafic de drogue, choisit de s’isoler en séjournant dans un hôtel. Il espère ainsi mettre de la distance entre lui et ceux qui, dans l’ombre, cherchent manifestement à l’intimider.
Mais la manœuvre s’avère vaine. Alors qu’il quitte l’hôtel pour rejoindre un taxi, trois individus l’interceptent, dont, selon le tribunal, Jamal Ben Saddik lui-même. La scène est brutale : l’homme est forcé à monter dans une Seat, sous la menace. Le trajet se déroule sous la contrainte d’une arme à feu, renforçant la terreur de la victime.
Les ravisseurs finiront par le relâcher quelques heures plus tard, non sans avoir saccagé son logement, un acte destiné à envoyer un message clair — un message typique des méthodes d’intimidation employées par les réseaux criminels liés au narcotrafic.
Une défense fragile face à un passé déjà encombré
Tout au long de la procédure, Ben Saddik nie, rejetant toute implication dans cet enlèvement. Il tente de dissocier son nom de l’univers du trafic de drogue, affirmant avoir été injustement associé à cette affaire. Mais pour le ministère public, les éléments accumulés au fil de l’enquête, tout comme les antécédents du sportif, ne plaident pas en sa faveur.
Le parquet rappelle que la figure du kickboxing a déjà été au cœur de plusieurs polémiques judiciaires. En juin 2024, Ben Saddik avait déjà été condamné en appel à 40 mois de prison, dont la moitié avec sursis, pour blanchiment d’argent. Une affaire qui avait entamé sérieusement sa crédibilité.
Un champion rattrapé par ses propres zones d’ombre
En parallèle de ses déboires judiciaires, la carrière sportive de Jamal Ben Saddik s’était elle aussi ternie. L’organisation Glory, référence mondiale du kickboxing, l’avait suspendu pendant six mois après un geste violent hors cadre : un coup de pied asséné à Rico Verhoeven en marge d’un combat de ce dernier contre Nabil Khachab en 2024.
Ce coup de sang n’était pas le seul faux pas du champion. Il avait également purgé une suspension pour dopage, une sanction lourde qui avait mis à mal sa réputation d’athlète de haut niveau et fragilisé son image auprès du public et des promoteurs.
Les observateurs du milieu voient dans cette succession d’incidents une lente descente aux enfers, ponctuée par des provocations, des éclats médiatiques et des fréquentations ambiguës.
Entre ring et prétoire : l’histoire d’une trajectoire qui se brise
Pour de nombreux amateurs de sports de combat, Ben Saddik représentait un talent brut, un combattant spectaculaire, capable d’enflammer n’importe quelle arène. Ses duels avec Rico Verhoeven comptent parmi les affrontements les plus intenses des dernières années au sein du circuit Glory.
Mais derrière la puissance du kickboxeur se cachait une vie privée plus tourmentée, marquée par des décisions contestables, des fréquentations sulfureuses et une gestion chaotique de sa notoriété. La condamnation à quatre ans de prison apparaît dès lors comme l’ultime chapitre d’une trajectoire qui semblait depuis longtemps s’éloigner du sport pour basculer vers les zones grises du hors-ring.
Fin de carrière ou possibilité de rédemption ?
Avec cette condamnation, l’avenir sportif de Jamal Ben Saddik semble touché en plein cœur, peut-être de manière définitive. Pourtant, l’histoire du kickboxing n’est pas avare de retours inattendus, de renaissances après des chutes spectaculaires. Reste à savoir si Ben Saddik pourra — ou voudra — renouer un jour avec le ring une fois sa peine purgée. Entre les portes qui se ferment et les rares qui pourraient encore s’entrouvrir, le combattant se retrouve désormais face à un avenir incertain, où la question n’est plus seulement celle de sa carrière… mais de sa capacité à réinventer sa vie.
