dimanche, décembre 1, 2024
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Accords de pêche : après la Russie, la Chine veut supplanter l’UE

Accords de pêche : après la Russie, la Chine veut supplanter l’Union européenne 

La Chine, déjà présente dans les eaux marocaines avec plusieurs navires de pêche, semble prête à renforcer son implantation, au détriment de l’Union européenne, confrontée à l’annulation de son accord de pêche avec le Maroc. Cette rupture est survenue après la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) en octobre dernier, invoquant l’absence de « consentement du peuple du Sahara occidental » pour justifier l’invalidation de l’accord. Alors que des pays comme l’Espagne et la France soutiennent désormais activement la souveraineté marocaine sur le Sahara, l’annulation de cet accord représente une perte stratégique pour l’Europe. Parallèlement, la Chine, troisième partenaire commercial du Maroc avec des échanges atteignant 7,6 milliards de dollars en 2022, intensifie ses relations avec le Royaume. En juillet 2023, la Chine a signé un mémorandum d’entente portant sur la pêche maritime, coïncidant avec l’expiration de l’accord européen.

Une présence déjà bien établie
L’intérêt chinois pour le secteur de la pêche au Maroc ne date pas d’aujourd’hui. Dès 2019, des entreprises publiques comme China Aquatic Products Zhoushan Marine Fisheries Corp ont introduit de nouveaux navires pour exploiter des ressources telles que le poulpe. En 2023, au moins six navires chinois, opérant sous pavillon marocain, pêchaient dans les eaux marocaines. Ces activités s’ajoutent aux projets de coopération dans l’aquaculture, les technologies de transformation des produits de la mer, et l’agriculture biologique.

Une diversification stratégique du Maroc
Selon Mohamed Sadiki, ancien ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, les autorités marocaines adoptent une approche proactive en diversifiant leurs partenariats internationaux. Cette stratégie inclut également la Russie, qui prépare un nouvel accord de pêche de quatre ans avec le Maroc, après la prorogation de son contrat actuel.

Un défi pour l’Europe
L’émergence de la Chine et de la Russie dans les eaux marocaines accentue les préoccupations européennes. Avec la fin de l’accord UE-Maroc en 2023, qui autorisait notamment des bateaux espagnols à opérer dans les zones économiques marocaines, l’Union voit sa position fragilisée dans une région où elle dominait historiquement. Selon The Outlaw Ocean Project, l’Europe pourrait perdre davantage de terrain face à la montée en puissance des acteurs asiatiques et russes.

En bref…
Cette reconfiguration des alliances reflète une volonté marocaine de maximiser ses ressources halieutiques tout en consolidant son positionnement géopolitique et économique.




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