mercredi, mai 15, 2024
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Israël déterminé à lancer une offensive terrestre contre Rafah

ISRAËL DÉTERMINÉ À LANCER UNE OFFENSIVE TERRESTRE CONTRE RAFAH

L’armée israélienne poursuit ce lundi ses opérations militaires dans la bande de Gaza, au lendemain de l’attaque iranienne. Bravant le danger, des milliers de déplacés palestiniens ont tenté de rejoindre le nord de la bande de Gaza, essuyant des tirs israéliens.

L’armée israélienne poursuit ses opérations dans la bande de Gaza, affirmant que l’attaque iranienne du week-end ne la fera pas «dévier de ses objectifs face au Hamas». Le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, a annoncé l’envoi dans les prochains jours de deux brigades de réserve supplémentaires pour combattre dans le territoire palestinien assiégé.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est dit déterminé à lancer une offensive terrestre contre Rafah, dans l’extrême sud de la bande de Gaza, qu’il présente comme le dernier bastion du Hamas. Et ce malgré les mises en garde de Washington et d’autres capitales internationales, qui redoutent un bain de sang parmi les Palestiniens déplacés.

Selon l’ONU, environ 1,5 million de Gazaouis déplacés par les opérations militaires israéliennes se massent en effet dans cette ville, abrités dans des camps de fortune. Dimanche, n’y tenant plus, des milliers d’entre eux se sont lancés sur le chemin bordant la mer, en direction du nord, à la suite d’une fausse rumeur selon laquelle l’armée israélienne autorisait les déplacés à retourner dans cette zone.

«Je ne pouvais plus rester dans le sud, il y a trop de monde. On ne respire pas là-bas. C’était terrible», raconte une d’entre elles, Basma Salman. Mais l’armée israélienne a démenti. «Le nord de la bande de Gaza reste une zone de combat», a insisté un porte-parole. Et des Gazaouis ont essuyé des tirs pendant leur marche vers le nord. Nour, un homme d’une trentaine d’années, a préféré rebrousser chemin. «Ils tiraient sur les gens, j’ai dû faire demi-tour. Nous ne voulons pas mourir». Des crimes de guerre caractérisés de la part d’un État voyou qui chie sur le droit international.

Israël pilonne sans relâche depuis plus de 6 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre, en les privant d’eau, de nourriture, de carburant, d’électricité, pour leur rendre la vie invivable et les forcer à fuir ou à mourir. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 33.797 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et près de 78.000 blessés.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 460 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées», prises en otage par les forces israéliennes, dans le cadre de détentions administratives sans procès, avec des peines de prison indéfiniment reconductibles.

Le Hamas et Israël s’accusent mutuellement de saboter les pourparlers en vue d’une trêve. Pour autant, «la diplomatie n’est pas morte», a affirmé dimanche John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche.

En Israël, l’armée a annoncé la réouverture lundi, dans la majeure partie du pays, des écoles qui avaient été fermées depuis samedi en raison de la menace d’attaque imminente de la part de l’Iran. Cette attaque, baptisée «Promesse honnête», a été déclenchée dans la nuit de samedi à dimanche en riposte à une frappe imputée à Israël contre le consulat d’Iran à Damas le 1er avril, qui a coûté la vie à sept membres des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de l’Iran.

Israël a affirmé avoir «déjoué» cette opération en abattant, avec l’aide des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et d’autres pays, 99% de quelque 350 projectiles -drones et missiles- qui se dirigeaient vers son territoire. «L’attaque sans précédent de l’Iran a été contrée par une défense sans précédent», s’est félicité le contre-amiral Hagari.

L’Iran a pour sa part dit avoir «atteint tous ses objectifs» et causé de «sérieux dégâts dans la plus importante base aérienne du Néguev», dans le sud d’Israël.

L’ONU «a failli à son devoir de maintenir la paix et la sécurité internationales» en ne condamnant pas la frappe contre le consulat iranien à Damas, a déclaré l’ambassadeur d’Iran aux Nations Unies, Amir Saeid Iravani, lors d’un Conseil de sécurité convoqué en urgence dimanche soir.

«Dans ces conditions, la République islamique d’Iran n’a pas eu d’autre choix que d’exercer son droit à l’autodéfense», a-t-il déclaré. Il a assuré que Téhéran ne voulait pas d’escalade, mais répondrait à «toute menace ou agression».

L’ambassadeur israélien, Gilad Erdan, a pour sa part appelé le Conseil de sécurité à «imposer toutes les sanctions possibles contre l’Iran avant qu’il ne soit trop tard».

S’exprimant lors du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a averti que «le Moyen-Orient est au bord du précipice». Il a condamné à la fois l’attaque iranienne et la frappe contre le consulat iranien à Damas, soulignant le «principe d’inviolabilité» des établissements diplomatiques.

Israël est depuis la révolution iranienne de 1979 l’ennemi juré de l’Iran. Mais jusqu’à présent, Téhéran s’était gardé d’attaquer frontalement Israël, et les deux pays avaient l’habitude de s’affronter par tiers interposés, comme le Hezbollah.

«Nous ne soutenons pas une frappe en représailles», a déclaré ce lundi le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, à la BBC. Quant au président français Emmanuel Macron, il a appelé à éviter un «embrasement» régional.

Plusieurs analystes jugent quasi inévitable une prochaine attaque d’Israël. «La grande question n’est pas seulement de savoir si Israël va agir, mais aussi ce qu’il va choisir de faire», a déclaré à l’AFP un responsable américain, assurant que les États-Unis ne participeront «à aucune action potentielle de sa part».

L’Iran de son côté semble avoir voulu éviter une escalade, a souligné Nick Heras, analyste du groupe de recherche américain New Lines Institute for Strategy and Policy. Cette attaque «était destinée à être vue dans le monde entier, mais pas à faire dégénérer la situation en une guerre régionale totale», a-t-il dit à l’AFP.