jeudi, novembre 13, 2025
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Indice du crime : le Maroc au 79ème rang mondial

🇲🇦 Indice mondial du crime organisé 2025 : le Maroc face aux défis de la criminalité transnationale

Classé 79e sur 193 pays, le Maroc fait face à une criminalité organisée multiforme allant de la traite humaine au trafic de drogue, malgré des efforts accrus de lutte et de gouvernance.

Le Maroc figure au 79e rang mondial dans l’Indice 2025 du crime organisé, publié par l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (basée à Genève). Ce classement, qui évalue 193 pays, place le Royaume 26e en Afrique et deuxième en Afrique du Nord, juste derrière la Libye.
Le rapport met en lumière une réalité complexe où cohabitent progrès institutionnels, fragilités structurelles et persistance de réseaux criminels diversifiés : traite humaine, contrebande, drogues, crimes financiers et cybercriminalité.

⚖️ Un classement révélateur d’enjeux structurels

Contrairement à une idée reçue, un classement élevé ne traduit pas la sécurité, mais au contraire la prévalence de la criminalité organisée.
Le Maroc, selon le rapport, fait face à des réseaux transnationaux puissants exploitant sa position géographique stratégique — à la croisée de l’Afrique, de l’Europe et de l’Atlantique — pour développer diverses formes de trafics.

L’analyse souligne également les limites institutionnelles dans la lutte contre ces réseaux, notamment le manque de ressources, la corruption persistante et la faible indépendance du pouvoir judiciaire, malgré des réformes législatives notables.

👥 Traite des êtres humains : le Maroc à la fois pays source, de transit et de destination

La traite humaine constitue l’un des volets les plus préoccupants du rapport.
Le Maroc est décrit comme pays d’origine, de transit et de destination pour les victimes, en particulier les femmes et les enfants migrants tentant de rejoindre l’Europe.
Ces derniers sont exposés à des risques de travail forcé, d’exploitation sexuelle et de violences multiples.

Les citoyens marocains eux-mêmes peuvent être victimes de trafic vers l’Europe et les pays du Golfe, où ils subissent des conditions d’exploitation dans les secteurs du bâtiment, de l’agriculture ou du travail domestique.
Malgré une intensification des arrestations en 2024, le rapport souligne que la corruption et le manque de moyens humains continuent de freiner les avancées.

🔫 Trafic d’armes limité mais interconnecté aux autres crimes

Le commerce illicite des armes au Maroc reste contenu, mais il demeure étroitement lié à d’autres économies criminelles : trafic de drogue, contrebande et traite humaine.
Ces échanges s’appuient sur des infrastructures clandestines bien établies, souvent à la frontière nord et sud du pays.

👜 Produits contrefaits : un marché toujours florissant

Le Maroc reste un centre de transit et de distribution majeur pour les produits contrefaits en Afrique du Nord, un phénomène alimenté par :

  • Sa position stratégique entre l’Europe et l’Afrique,

  • L’existence d’un réseau logistique développé,

  • Et la corruption persistante à certains niveaux administratifs.

Malgré une baisse des ventes visibles de produits contrefaits, l’activité clandestine demeure forte, notamment dans les secteurs :

  • de l’électronique,

  • des pharmaceutiques,

  • de la mode,

  • et des boissons alcoolisées de contrebande.

🌳 Crimes environnementaux : exploitation du cèdre et braconnage

Le rapport relève également des infractions environnementales :

  • exploitation illégale du bois de cèdre,

  • commerce d’espèces animales protégées,

  • et contrebande transfrontalière.

Ces crimes impliquent à la fois petits acteurs locaux et réseaux structurés, usant de technologies avancées comme les drones et les communications cryptées pour échapper à la surveillance.

💊 Le Maroc, hub mondial du trafic de drogues

Cannabis : entre légalisation et production illégale

Le Maroc demeure l’un des plus grands producteurs mondiaux de cannabis, concentré dans les montagnes du Rif.
Malgré la légalisation partielle du cannabis médical et industriel en 2021, la production illégale persiste, freinée par :

  • des retards réglementaires,

  • un manque d’alternatives économiques pour les petits agriculteurs.

Cocaïne et héroïne : un carrefour stratégique

Le pays est aussi une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l’Amérique du Sud et l’Europe, et un point de transit pour l’héroïne asiatique.
Les saisies record, dont une de plus d’une tonne début 2024, illustrent la montée en puissance de ces flux criminels.

Drogues synthétiques : une menace émergente

Le marché des drogues synthétiques connaît une croissance rapide, alimentée par des méthodes de fabrication à bas coût et des circuits de distribution numériques.
La drogue locale “poufa”, extrêmement addictive et fabriquée à partir de déchets toxiques, inquiète les autorités pour ses effets dévastateurs sur la santé publique.

💻 Cybercriminalité et crimes financiers : des réseaux de plus en plus sophistiqués

Le rapport met en avant une cybercriminalité en pleine expansion, appuyée sur des technologies modernes :

  • cryptomonnaies,

  • intelligence artificielle,

  • Internet des objets.

Ces outils favorisent des attaques coordonnées à l’échelle internationale, notamment en matière de fraude financière, détournement de fonds et blanchiment d’argent.

Les crimes financiers, eux, restent souvent liés à la corruption politique, impliquant des responsables influents profitant de failles institutionnelles et d’un manque de transparence.

🏛️ Gouvernance et institutions : un talon d’Achille persistant

Le rapport conclut sur une note institutionnelle préoccupante : la concentration du pouvoir politique limite l’indépendance judiciaire et la capacité des institutions démocratiques à combattre efficacement la criminalité organisée.
Les défis de gouvernance et la corruption systémique continuent ainsi de saper les efforts de réforme et de renforcer les réseaux illégaux.

🔍 En bref…

L’Indice mondial du crime organisé 2025 dresse un portrait nuancé du Maroc :
un pays résilient, engagé dans la modernisation de ses institutions, mais toujours confronté à des menaces multiformes alimentées par des facteurs socio-économiques, des tensions régionales et une criminalité de plus en plus technologique.

La lutte contre ces fléaux nécessitera une coopération internationale renforcée, une réforme judiciaire profonde et une volonté politique durable.