samedi, juin 14, 2025
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Fracture numérique : le Maroc souhaite miser sur Starlink

Fracture numérique : le Maroc souhaite miser sur Starlink

Internet par satellite : le Maroc mise sur Starlink pour connecter ses zones les plus isolées

Dans une démarche ambitieuse visant à combler la fracture numérique et à moderniser son infrastructure de connectivité, le Maroc a officiellement annoncé son intention de recourir au service Internet par satellite Starlink, développé par SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk. Ce projet novateur vise principalement à connecter les zones rurales et enclavées du Royaume, où les réseaux terrestres traditionnels peinent encore à atteindre.
L’annonce a été faite devant le Parlement par Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée auprès du chef du gouvernement, chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration. Elle a révélé que dans un premier temps, 4 000 bénéficiaires auront accès à ce service moyennant une subvention de 2 500 dirhams par abonnement, accordée par l’État afin de réduire le coût d’accès initial, souvent dissuasif.

Une technologie aux performances avancées
Le choix de Starlink n’est pas anodin. Le service propose une connexion Internet haut débit via un réseau de milliers de satellites en orbite basse (Low Earth Orbit – LEO). Cette configuration permet une vitesse de téléchargement oscillant entre 100 et 500 Mbps et une latence faible, comprise entre 20 et 40 millisecondes, ce qui la rend particulièrement adaptée aux usages modernes, y compris les visioconférences, le streaming HD et les services cloud.
La technologie représente donc un atout majeur pour réduire les disparités d’accès numérique dans les zones montagneuses, désertiques ou isolées, là où l’installation de la fibre optique ou des antennes-relais mobiles se révèle difficile, voire économiquement non rentable.

Des obstacles de taille à surmonter
Cependant, malgré les performances techniques prometteuses de Starlink, plusieurs défis demeurent. Le coût du matériel, notamment l’antenne parabolique et le routeur nécessaire pour capter le signal satellitaire, demeure élevé. À cela s’ajoutent des frais d’abonnement mensuels qui peuvent dépasser les moyens de nombreuses familles vivant en milieu rural.
Le gouvernement espère atténuer cet obstacle grâce à un système de subventions ciblées et à des partenariats public-privé. Le projet s’inscrit d’ailleurs dans le cadre du Plan National du Haut et Très Haut Débit (PNHD), une feuille de route nationale déployée depuis 2018 pour élargir la couverture Internet dans le Royaume.

Bilan et perspectives du Plan National du Haut Débit
Entre 2018 et 2024, la première phase du Plan National du Haut Débit a permis de connecter plus de 10 640 zones rurales aux réseaux 2G, 3G et 4G. La deuxième phase, actuellement en préparation, devrait couvrir 1 800 nouvelles zones classées comme faiblement ou non desservies.
Le financement de cette opération repose notamment sur le Fonds du service universel des télécommunications (FSUT), un instrument stratégique de l’État visant à garantir un accès équitable aux services numériques pour l’ensemble des citoyens, indépendamment de leur localisation géographique.

Vers un Maroc digital et connecté
Ce projet s’inscrit dans une vision plus large : celle portée par la feuille de route « Maroc Digital 2030 », lancée le 25 septembre 2024. À travers cette stratégie, le Royaume ambitionne de hisser sa position en matière de digitalisation de l’administration publique à la 6ᵉ place au niveau africain et à la 85ᵉ échelle mondiale d’ici 2026.
Dans le même élan, les autorités poursuivent les efforts pour déployer la technologie 5G, avec un objectif de couverture de 25 % de la population d’ici 2026, et de 70 % à l’horizon 2030. La connectivité devient ainsi un pilier fondamental du développement économique, social et territorial du pays.

En bref…
En s’ouvrant à la technologie Starlink, le Maroc franchit un pas important vers l’égalité d’accès numérique. Si les défis financiers et techniques restent à relever, le Royaume confirme sa volonté de faire du numérique un vecteur d’inclusion et de compétitivité, en phase avec les exigences d’un monde de plus en plus interconnecté.