jeudi, mai 23, 2024
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Niger : après la CEDEAO et la France, l’Algérie s’en mêle et dit non

NIGER : APRÈS LA CEDEAO ET LA FRANCE, L’ALGÉRIE S’EN MÊLE DIFFÉRENMENT

Le Coup d’État au Niger : Un Risque de Confrontation Généralisée

Le coup d’État au Niger s’est démarqué des cas similaires au Mali ou au Burkina Faso en raison de la menace potentielle d’une confrontation généralisée, sur son sol et au Sahel, impliquant la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), la France, l’Algérie et d’autres groupes terroristes actifs dans la région. Le pays, riche en ressources telles que l’or et l’uranium, occupe une position géographique stratégique en partageant ses frontières avec sept pays, suscitant ainsi l’intérêt et les inquiétudes des acteurs régionaux et internationaux. Surtout la France. L’hebdomadaire français Le Point a publié un éditorial analysant la débâcle de la politique française en Afrique.

Maroc – Libye – Mali – Niger
Le gouvernement algérien, dont la démocratie est juste formelle puisque sa souveraineté est dans les mains de la hiérarchie militaire, est réputé pour son leitmotiv « ennemi de l’extérieur ». Il est constamment l’initiateur de tensions avec le Maroc à l’ouest, tout en étant exposé à la menace terroriste à l’est le long de la frontière de près de mille kilomètres partagée avec la Libye, un pays dont l’équilibre est problématique depuis plus d’une décennie. L’Algérie est aussi sur le qui-vive dans le sud avec le Mali qui a du mal à sortir de la précarité et qui pullule de plusieurs groupes terroristes islamistes dont certains ne penchent pas du côté de la cause algérienne. L’Algérie partage 1329 kilomètres de frontière avec le Mali. L’Algérie doit désormais aussi se préoccuper du presque un millier de kilomètres (951 km pour être exact) de frontière qu’elle partage avec le Niger, pays en pleine instabilité.

L’Algérie préoccupée par les événements au Niger
L’Algérie, dont les frontières sud-est s’étendent sur près d’un millier de kilomètres avec le Niger, suit de près les développements depuis le coup d’État du 26 juillet. Bien qu’elle ait condamné fermement ce renversement du pouvoir au Niger, l’Algérie a averti contre toute ingérence ou intervention militaire étrangère, faisant implicitement référence à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, la Sierra Leone, le Sénégal et le Togo) et faisant également implicitement référence à la France.



Le Burkina Faso et le Mali solidaires des putschistes
Le Burkina Faso et le Mali font front commun avec la junte au pouvoir au Niger, les deux pays ont mis en garde contre toute intervention militaire sur le territoire nigérien, visant à rétablir le Président déchu Mohamed Bazoum. Ils affirment que tout usage de la force, une option considérée par des dirigeants ouest africains, « serait synonyme de déclaration de guerre » à leur encontre.

Les implications pour l’Algérie
L’Algérie redoute les conséquences d’une instabilité prolongée au Niger et dans la région du Sahel. La proximité géographique de l’Algérie avec des voisins tels que le Mali, la Libye et maintenant le Niger, expose le pays à des défis sécuritaires et politiques. Toutefois, l’Algérie maintient une position de prudence et appelle à la retenue face aux options militaires étrangères, qui, selon elle, ne feraient qu’aggraver la situation actuelle.

En conséquence, l’Algérie met en garde et appelle à la prudence et à la retenue face aux intentions d’interventions militaires étrangères qui sont, malheureusement, considérées comme des options envisageables et utilisables alors qu’elles ne sont que des facteurs de complication et d’aggravation de la crise actuelle.    Communiqué du MAE

Une nouvelle dynamique géopolitique dans la région
Le coup d’État au Niger a des implications importantes sur le plan géopolitique. La France (et l’Algérie dans une moindre mesure) perdent l’un de leurs alliés clés au Sahel, ouvrant la voie à de nouvelles alliances. Alger dit « non » à une intervention militaire au Niger. La France menace les putschistes. La présence de drapeaux russes brandis par des manifestants pro-junte à Niamey laisse entrevoir une possible influence russe dans la région, tandis que l’Algérie continue de suivre attentivement la situation en se positionnant contre toute intervention militaire, comme le Burkina Faso et le Mali; et contrairement à la Cédéao et à la France.




À qui profite le coup d’État au Niger ?
Ce coup d’État au Niger, le 3ème dans la région du Sahel en seulement 3 ans, ne profite pas à la France, mais plutôt à Wagner, à Poutine, à la Russie. La France a le sentiment d’être chassée par la Russie. On peut entendre dans des émissions à la télévision française des phrases de type : « Nous sommes en train de perdre l’Afrique » (comme si elle leur appartenait…). Le régime d’Alger joue un rôle non négligeable avec sa position, s’impliquant pleinement malgré les risques potentiels et en naviguant dans des eaux troubles. Les drapeaux russes brandis par des manifestants pro-junte à Niamey ne sont peut-être pas une preuve que le Niger est devenu un satellite de la Russie, mais avec la position de l’Algérie qui s’oppose à toute intervention militaire au Niger, cela donne une impression similaire. Sans parler du projet de gazoduc Nigéria-Algérie… qui passe par le Niger, une région instable pour utiliser un euphémisme . Sans parler des risques de sabotage, du vol de gaz dans le gazoduc, etc. Le coup d’État au Niger enterre le rêve algérien de ce gazoduc avec le Nigéria.

En bref…
Le coup d’État au Niger a créé une situation complexe et délicate dans le Sahel, suscitant des inquiétudes chez les acteurs régionaux et internationaux. Les putschistes: des personnes sincères qui voient leur pays aller dans une mauvaise direction et qui font cela pour remettre leur pays dans le « droit chemin » du développement ? Ce n’est pas impossible. Une émancipation de la françafrique paternaliste et donneuse de leçon voire condescendante ? Ce n’est pas impossible. Une main mise orchestrée par la Russie en guerre par procuration avec l’Occident ? Ce n’est pas impossible non plus. La stabilité du Niger et de la région est un enjeu majeur pour plusieurs pays, qui se trouvent désormais confrontés à de nouveaux défis avec le Niger. La situation géopolitique évolue, et la vigilance de tous les acteurs concernés reste de mise.







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