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Covid-19 au Maroc: la chloroquine prescrite à tous les malades, une décision qui divise

Le royaume est le premier pays au monde à généraliser l’utilisation de ce médicament pour tous les malades touchés par le Covid-19. Le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb a émis lundi 23 mars, une circulaire autorisant l’introduction de Chloroquine et de l’hydroxychoroquine dans la prise en charge thérapeutique des cas confirmés de Covid-19. Une mesure qui paraît porteuse d’espoir, mais qui ne fait pas l’unanimité.




Cette décision, explique le document, a été prise en concertation avec le comité pour toute la famille de maladies appelées grippes ou infections respiratoires aiguës sévères (IRAS), qui avait également présidé, lors d’une première réunion, à la mise en place du plan national de contrôle et de prévention avec ses trois phases ainsi que le dispositif de prise en charge.
Une deuxième réunion a été tenue après le constat de l’évolution de la situation sur le terrain, et il a été recommandé aux professionnels d’introduire ces deux composantes (chloroquine et de l’hydroxychloroquine) dans les processus de prise en charge thérapeutique des patients confirmés positifs au covid-19.
Alors que le débat sur l’efficacité de la chloroquine contre le coronavirus, défendue par le scientifique marseillais Didier Raoult, bat son plein, le Maroc a fait un choix radical en décidant d’administrer ce médicament à tous les patients atteints du Covid-19, dès le moment où ils sont testés positifs.




Il convient de rappeler à ce stade, que le gouvernement a récemment acquis auprès du laboratoire Sanofi Maroc tout le stock disponible de ces deux médicaments.
À cet égard, Ait Taleb a souligné la nécessité d’une gestion rationnelle de ces produits. Les stocks seront gérés par les responsables régionaux des unités d’approvisionnements et de la pharmacie, « dans un local sécurisé, tout en élaborant une liste de délivrance nominative par classe thérapeutique adressée aux structures de prise en charge », peut-on lire dans la circulaire.
Le ministre fait également des recommandations quant à la prescription elle-même, en affirmant qu’elle «doit être réalisée sur une ordonnance nominative accompagnée des informations nécessaires conditionnant la délivrance desdits documents ».
Il met également en avant la nécessité de prendre toutes les précautions requises pour respecter le circuit d’approvisionnement afin de garantir la sécurité d’utilisation et la traçabilité de ces médicaments, « qui ne doivent pas être utilisées pour d’autres pathologies autres que le coronavirus ».




L’OMS condamne
Si cette thérapie est également prônée et même testée par certains milieux médicaux, notamment en France, elle ne recueille pas l’approbation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui s’est opposée à « l’usage de médicaments sans preuve de leur efficacité ».
Elle a, en effet, condamné « l’administration de médicaments aux patients infectés par le nouveau coronavirus avant que la communauté scientifique se soit accordée sur leur efficacité », et mis en garde contre les « faux espoirs » qu’ils pourraient susciter.
« Des études réduites et non randomisées, réalisées à partir d’observations, ne nous apporteront pas les réponses dont nous avons besoin », a estimé à ce propos le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.




Le Maroc est le premier pays au monde à généraliser le traitement à la chloroquine
« La chloroquine est un traitement utilisé depuis plusieurs décennies. Le corps médical le connaît bien, notamment ses interactions et ses effets indésirables », indique un responsable du ministère de la santé marocain pour justifier la décision. « Des analyses biologiques et un examen cardiologique sont systématiquement pratiqués sur les patients avant de commencer le traitement pour déterminer toute contre-indication », poursuit le responsable.
Afin de pouvoir traiter l’ensemble des patients, l’État marocain a racheté dès la mi-mars l’intégralité du stock de Nivaquine (nom commercial de la chloroquine) et de Plaquenil (nom commercial de l’hydroxychloroquine) à la filiale marocaine du laboratoire français Sanofi, qui produit la première sur le sol marocain.




Les pharmacies dévalisées
Le tapage médiatique autour de la chloroquine ainsi que le rachat massif par l’État des deux médicaments a eu pour conséquence de créer une pénurie dans les pharmacies marocaines. « Les pharmacies ont été littéralement dévalisées de leurs stocks de Nivaquine et de Plaquenil, indique la docteure Khadija Moussayer, présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques. D’habitude, elles peuvent se réapprovisionner auprès du laboratoire, mais l’État a tout racheté. »
Résultat : les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde et de lupus, deux maladies auto-immunes pour lesquels les deux médicaments sont prescrits, sont ainsi privées de traitement. « Le ministère a indiqué que des solutions seraient rapidement trouvées », précise la docteure Khadija Moussayer. Selon le docteur Abderrahim Chouaibi, chargé de mission auprès du chef du gouvernement marocain Saadeddine El Othmani, « il est trop tôt pour confirmer l’efficacité du traitement contre le coronavirus. Il faudra attendre deux ou trois semaines après le début des soins car il est nécessaire d’avoir un échantillon important de patients.




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