Tunnel pour relier le Maroc : l’Espagne lance la conception détaillée
L’Espagne relance officiellement le projet du tunnel sous-marin entre l’Espagne et le Maroc. Le gouvernement espagnol mandate Ineco pour concevoir le design détaillé de cette infrastructure colossale, une première depuis 50 ans. Coût, tracé, calendrier, enjeux stratégiques : voici tout ce qu’il faut savoir sur ce mégaprojet qui pourrait transformer les échanges entre l’Europe et l’Afrique.
Tunnel Espagne–Maroc : Madrid relance officiellement le méga-projet sous-marin du détroit de Gibraltar
L’Espagne a franchi une étape décisive dans le projet historique du tunnel reliant l’Europe à l’Afrique. Madrid vient de confier à Ineco, l’Institut d’ingénierie et d’économie des transports, la mission de concevoir le design détaillé du futur tunnel sous-marin entre l’Espagne et le Maroc. Une avancée majeure qui relance un dossier en sommeil depuis un demi-siècle.
Un projet stratégique relancé après plusieurs décennies d’attente
Une mission officielle confiée à Ineco
Le gouvernement espagnol a officiellement chargé l’entreprise publique Ineco de mettre à jour et de finaliser le design détaillé du premier tunnel ferroviaire sous le détroit de Gibraltar.
La commande, passée par la SECEGSA (Société espagnole d’études sur les communications fixes à travers le détroit), dépendante du ministère des Transports, est datée du 3 novembre 2025 et financée par des fonds européens à hauteur de 961 939 euros.
La première mise à jour complète en 50 ans
Il s’agit d’un événement inédit : aucune étude d’une telle ampleur n’avait été actualisée depuis près de cinq décennies. Les conclusions de cette nouvelle phase d’ingénierie, attendues pour l’été 2026, pourraient servir de base au projet final, que ce soit pour le tunnel principal ou pour une galerie auxiliaire dédiée à la sécurité.
Vers une nouvelle étape technique du tunnel sous le détroit
Redéfinition du tracé et localisation des stations
Ineco travaille actuellement sur :
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la redéfinition du tracé côté nord,
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la localisation de la future station espagnole, prévue près de Vejer de la Frontera,
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la conception des accès ferroviaires vers l’axe Cadix–Séville.
Des études géotechniques et sismiques approfondies
Le programme prévoit une réévaluation complète :
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des cartes géotechniques et hydrogéologiques,
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de l’activité sismique sous le détroit,
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des pressions marines en grande profondeur,
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des matériaux nécessaires pour un chantier estimé à plus de 10 ans.
Une modernisation complète des dispositifs de sécurité
Les nouvelles normes européennes imposent la mise en place de :
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systèmes de ventilation modernisés,
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simulations numériques d’incendie et d’évacuation,
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protocoles d’urgence adaptés aux tunnels de très grande profondeur.
Au total, plus de 15 000 heures de travail seront investies dans cette phase préliminaire.
Un tunnel de 42 km sous la mer : un défi technologique majeur
Un tracé passant par le point le plus profond du détroit
Selon les documents techniques actuels, le projet prévoit :
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un tunnel de 42 km,
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dont 28 km sous la mer,
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entre Cadix et Malabata (Tanger),
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avec un passage par la zone la plus profonde du « seuil du détroit », atteignant 475 mètres.
Un tunnel dédié aux trains à grande vitesse et au fret
L’infrastructure inclurait :
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deux voies ferroviaires (passagers et marchandises),
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une galerie centrale dédiée à la maintenance et aux opérations de secours.
Calendrier envisagé : des travaux exploratoires jusqu’en 2030
Un tunnel exploratoire comme première étape
La première phase du projet consiste à creuser un tunnel exploratoire côté espagnol.
Durée estimée : 6 à 9 ans, indispensable pour analyser la nature des roches et sédiments.
Les appels d’offres pour cette étape préparatoire sont prévus en 2027, avec un début potentiel des travaux autour de 2030, si la décision politique finale est validée.
Un financement à plusieurs milliards d’euros
Contribution espagnole : 8,5 milliards d’euros
Le coût estimé pour la seule partie espagnole s’élève déjà à 8,5 milliards d’euros.
Madrid explore :
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les mécanismes de financement européens,
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en particulier le programme Next Generation EU.
Le Maroc actualise également ses propres études
De son côté, Rabat revoit ses plans d’aménagement :
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de sa façade maritime,
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de ses futures liaisons ferroviaires,
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dans le cadre de sa vision stratégique visant à renforcer son rôle de hub africain.
Un méga-projet désormais considéré comme techniquement réalisable
L’avis décisif d’Herrenknecht
Selon la société allemande Herrenknecht, leader mondial du creusement de tunnels, l’infrastructure est aujourd’hui technologiquement réalisable.
Son rapport récent, commandé par la SECEGSA, confirme que malgré les conditions géologiques extrêmes du « seuil de Camarinal », le tunnel reste faisable.
Une avancée historique après plus de 50 ans d’études
L’étude, finalisée en juin dernier, fait actuellement l’objet d’analyses internes visant à préparer un grand appel d’offres après juin 2026 — date prévue pour la validation finale de l’avant-projet (initialement élaboré en 2007).
Quelles perspectives pour 2027 et au-delà ?
Une décision politique attendue avant fin 2027
Le lancement définitif du chantier dépendra d’un accord bilatéral entre Rabat et Madrid.
S’il est confirmé, le tunnel pourrait devenir l’un des projets d’ingénierie les plus audacieux de la planète, surpassant même en difficulté le tunnel sous la Manche.
Un potentiel transformateur pour l’Europe et l’Afrique
Ce tunnel pourrait :
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fluidifier les échanges commerciaux,
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réduire la pression sur les voies maritimes,
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renforcer le rôle stratégique du Maroc comme porte d’entrée vers l’Afrique,
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établir un nouveau corridor logistique entre les continents.
