USA : le Maroc affirme sa présence sur le marché agroalimentaire

Le Maroc renforce sa présence sur le marché américain des fruits et légumes grâce à une offre performante d’olives de table, d’agrumes et de raisins. Une progression soutenue par les mutations du commerce mondial, la qualité des productions et la demande croissante des consommateurs américains.

Le Maroc s’impose sur le marché agricole américain : olives, agrumes et raisins au cœur d’une ascension stratégique

Depuis quelques années, le Maroc accroît discrètement mais sûrement son influence sur le gigantesque marché agroalimentaire américain. Profitant d’un contexte commercial en pleine recomposition, d’une demande soutenue et d’une qualité de production reconnue, le Royaume se positionne désormais comme un fournisseur incontournable de fruits et légumes, particulièrement dans les segments des olives de table, des agrumes et, de plus en plus, des raisins de table. Une progression qui témoigne d’un savoir-faire agricole consolidé et d’une stratégie d’exportation qui porte ses fruits.

Les États-Unis, un marché en mutation : l’ouverture d’une fenêtre d’opportunités

Depuis plusieurs saisons, le marché agricole américain traverse une période de transformation qui bouscule les équilibres traditionnels. Entre changements réglementaires, tensions commerciales internationales et variations climatiques touchant la production locale, les États-Unis ont accru leur dépendance vis-à-vis des importations. Le Maroc, fort d’une filière agricole modernisée et d’une capacité d’exportation en constante expansion, s’inscrit naturellement dans cette nouvelle configuration.

Cette conjoncture favorable offre au Royaume l’occasion de consolider une place stratégique dans l’alimentation du premier marché mondial, une évolution portée par des relations commerciales fluides et par un positionnement géographique permettant de fournir en contre-saison, un atout majeur dans la stratégie américaine de continuité d’approvisionnement.

Olives de table : l’ascension marocaine face au recul espagnol

Le segment des olives en conserve illustre parfaitement la montée en puissance du Maroc. Depuis l’instauration, en 2019, de droits antidumping sur les olives espagnoles, les importateurs américains ont dû repenser la structure de leurs approvisionnements. Ce tournant réglementaire a ouvert la voie à une redistribution des cartes dont le Maroc a su tirer parti.

Grâce à une filière oléicole performante, une qualité régulière et des volumes exportables croissants, le Royaume figure désormais parmi les trois principaux fournisseurs d’olives des États-Unis, aux côtés de l’Égypte et du Portugal. Sur la période 2024-2025, ces trois pays réunis ont assuré plus de la moitié des importations américaines, tandis que l’Espagne, historiquement dominante, voit sa part s’effriter.

Cette percée témoigne non seulement de la robustesse de la production marocaine mais aussi de la capacité du secteur à répondre rapidement à l’évolution des marchés internationaux.

Agrumes : les clémentines marocaines au sommet des préférences américaines

Les agrumes marocains, et plus particulièrement les clémentines et mandarines, connaissent également un succès remarquable aux États-Unis. Grâce à leur saveur, leur calibre et la maîtrise des producteurs marocains en matière d’exportation, ces fruits figurent désormais parmi les plus prisés sur le marché américain, au même rang que les importations en provenance du Chili ou du Pérou.

Pour la saison 2024-2025, près d’un tiers des clémentines importées par les États-Unis provient du Maroc, un chiffre révélateur de l’importance stratégique du Royaume dans ce segment. Cette performance est amplifiée par la capacité du Maroc à offrir des agrumes frais en période de faiblesse de la production américaine, consolidant ainsi un rôle essentiel dans la régulation de l’offre tout au long de l’année.

Raisins de table : une présence croissante dans un marché en pleine explosion

Au-delà des olives et des agrumes, le Maroc s’affirme également dans le secteur des raisins de table, un marché américain en pleine expansion et dont la production nationale ne parvient plus à suivre la consommation. Classé parmi les « Other imports » du Département américain de l’Agriculture, le Maroc n’apparaît pas encore avec des volumes détaillés, mais sa présence régulière confirme une tendance de fond : le Royaume devient une source croissante de diversification pour les distributeurs américains.

La forte augmentation des importations de raisins, bien supérieure à la production domestique, ouvre de nouvelles marges de progression pour le Maroc, aux côtés d’autres grands exportateurs tels que l’Afrique du Sud, l’Italie ou la Nouvelle-Zélande. Une opportunité supplémentaire pour un pays qui entend consolider sa position sur les marchés hautement concurrentiels.

Une montée en puissance portée par une agriculture résiliente

La progression marocaine s’explique par un ensemble de facteurs convergents. Les contraintes climatiques pesant sur certaines régions américaines, les défis phytosanitaires qui affectent la production locale et la recherche accrue d’une diversification des sources d’importation ont créé un environnement favorable aux exportateurs marocains.

Face à cette demande, les producteurs du Royaume mettent en avant une offre compétitive, largement modernisée, capable de respecter les standards américains les plus exigeants. Le Maroc assure également une continuité d’approvisionnement, un élément crucial pour les distributeurs et les chaînes de grande distribution qui cherchent à éviter les ruptures dans un marché où la consommation de fruits frais dépasse désormais largement la capacité de production nationale.

Une expansion durable ou une opportunité conjoncturelle ?

La progression du Maroc sur le marché américain reflète une transformation profonde de son industrie agricole et de ses ambitions commerciales. Mais cette dynamique soulève une question centrale : s’agit-il d’une tendance appelée à s’inscrire dans la durée ou d’une fenêtre d’opportunité liée à un contexte international particulier ? La réponse dépendra de la capacité du Royaume à renforcer encore ses filières, à conquérir de nouveaux segments et à maintenir les standards qui font aujourd’hui sa force. Une chose reste certaine : les États-Unis observent désormais le Maroc non plus comme un fournisseur parmi d’autres, mais comme un acteur incontournable de leur sécurité alimentaire.