samedi, avril 27, 2024
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Israël ignore la résolution de l’ONU pour un cessez-le-feu immédiat

ISRAËL IGNORE LA RÉSOLUTION DE L’ONU POUR UN CESSEZ-LE-FEU IMMÉDIAT

Malgré l’adoption la veille par l’ONU d’une résolution exigeant un «cessez-le-feu immédiat», les raids aériens israéliens se poursuivent ce mardi dans la bande de Gaza. Sur le terrain, la situation demeure critique pour les 2,4 millions d’habitants du territoire, toujours menacé par une famine généralisée sachant qu’il y a déjà des dizaines de morts à cause de la malnutrition et la déshydratation; dans la lignée du plan d’Israël, dans le cadre de sa guerre biologique, de faire crever de faim et de soif les palestiniens en les privant d’eau et de nourriture.

L’armée israélienne a lancé un raid à Naplouse et dans le camp de réfugiés d’Askar, en Cisjordanie occupée. 70 palestiniens sont morts dans la nuit, dont 13 dans des frappes aériennes près de Rafah, ville à la pointe sud de Gaza où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, la grande majorité d’entre eux déplacés par les opérations israéliennes dans le reste du territoire.

Lundi, et pour la première fois depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté par 14 voix pour et une abstention -celle des États-Unis- une résolution appelant à un «cessez-le-feu immédiat». Premier allié d’Israël, Washington s’était jusque-là opposé au terme «cessez-le-feu» dans les résolutions de l’ONU, opposant son veto à trois textes en ce sens.

Le texte «exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan» -qui a débuté il y a deux semaines-, devant «mener à un cessez-le-feu durable», et «exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages». Ne pas appliquer cette résolution serait «impardonnable», a jugé le chef de l’ONU Antonio Guterres dans la foulée du vote, salué par les grandes capitales.

Dès après l’adoption du texte, Israël a annulé la visite d’une délégation attendue à Washington, en réaction à l’abstention américaine. «Il s’agit d’un net recul par rapport à la position constante des États-Unis au Conseil de sécurité depuis le début de la guerre», a déclaré le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Quoi ? On ose vouloir leur interdire de continuer leur nettoyage ethnique ?

L’ex-président des États-Unis Donald Trump a affirmé lundi dans une interview au quotidien Israel Hayom qu’Israël devait «en finir» avec la guerre à Gaza car il est en train de perdre «beaucoup de soutien» dans le monde.

Le Hamas a «salué l’appel du Conseil de sécurité de l’ONU à un cessez-le-feu immédiat» et attribué à Israël «l’échec» des pourparlers -sous l’égide du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis- pour une trêve de plusieurs semaines, doublée de libérations d’otages/prisonniers israéliens et d’otages/prisonniers palestiniens.

Israël pilonne depuis plus de 5 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements de l’armée israélienne ont fait plus de 32.333 morts Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 73.000 blessés.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées», prises en otage par les forces israéliennes.

Sur le terrain, la situation demeure critique pour les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza, soumise à un blocus total depuis près de six mois et menacée de famine généralisée selon l’ONU et plusieurs ONG internationales. Comme nous l’avons rappelé, la famine est déjà là, il y a déjà eu des dizaines de morts à cause de la malnutrition et de la déshydratation.

Au moins deux grands hôpitaux sont visés par des opérations de l’armée, une semaine après le début de l’intervention contre l’hôpital Al Chifa de Gaza-ville, le plus grand du territoire. Cet hôpital et ses environs ont été visés lundi par des tirs d’artillerie, tout comme les abords de l’hôpital Al Amal de Khan Younès. Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé dans la nuit avoir évacué 27 membres de son personnel à Al Amal, après l’évacuation dimanche de déplacés qui y avaient trouvé refuge.

Arrivant principalement depuis l’Égypte via Rafah, l’aide humanitaire est contrôlée strictement par Israël, qui y applique de nombreuses restrictions. Résultat, elle entre dans la bande de Gaza au compte-gouttes, ce qui a poussé des gouvernements étrangers à larguer, par parachutage, des colis alimentaires.

Confrontée à cette crise humanitaire majeure, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé dimanche être désormais formellement interdite par Israël de toute livraison d’aide alimentaire dans le nord du territoire, où la situation est particulièrement dramatique. À rappeler que l’Unrwa est interdite car Israel accuse, sans fournir la moindre preuve, l’hypothétique participation de 12 de ses employés à l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre; 12 de ses employés sur 30 000 employés.

Une mesure qui participe juste à faciliter encore un peu plus le projet de recolonisation israélien de Gaza où «des gens meurent pour obtenir une boîte de thon», s’est emporté Mohamad Al-Sabaawi, un habitant de Gaza, brandissant à la caméra l’unique boîte de thon qu’il a pu récupérer. Non loin, un autre homme a confié à l’agence de presse française AFP risquer sa vie pour une boîte de haricots «qui sera partagée avec 18 personnes».