jeudi, décembre 12, 2024
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Nouveau record: 6.000 migrants entrent dans Sebta

Nouveau record: 6.000 migrants entrent dans Sebta, l’Espagne impuissante




Ils étaient au final quelque 6.000 candidats (majoritairement marocains) à tenter leur traversée vers l’enclave occupée de Sebta. Les autorités coloniales espagnoles accusent le Maroc d’avoir lâché prise sur l’immigration clandestine. Il n’en est strictement rien.




Il y a les faits. Et c’est une véritable avalanche qui s’est abattue sur les quelques côtes marocaines occupées par le Royaume d’Espagne, en l’occurrence le préside de Sebta.

Il y a eu un, puis deux, puis dix, puis un nombre innombrable de migrants qui ont déferlé sur « leur » préside. Hier, lundi 17 mai 2021, 6.000 candidats à l’immigration clandestine ont pénétré Sebta. L’Espagne a, d’ailleurs, renvoyé au Maroc 2.700 des quelque 6.000 migrants entrés lundi dans Sebta, a annoncé, ce mardi 18 mai, le ministre espagnol de l’Intérieur.

Des voix espagnoles commencent à pointer du doigt le Maroc, en laissant entendre que les autorités marocaines ont été indifférentes aux tentatives des migrants de rejoindre la ville occupée de Sebta. Mais que l’on ne s’y trompe pas.




Cette déferlante, qualifiée de tsunami marocain, n’est pas le fait du Maroc. L’arrivée à la nage à Sebta de quelque 6.000 migrants, dont 1.500 mineurs, en 24 heures « n’est pas le résultat d’un désaccord » avec le Maroc après l’accueil du dénommé Brahim Ghali, a souligné la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya.

« Je ne peux pas parler pour le Maroc, mais je peux vous dire qu’on nous a assuré il y a quelques heures que ce n’est pas le résultat d’un désaccord et en tout cas ce n’est pas une question nouvelle pour l’Espagne, l’immigration irrégulière et les arrivées massives sont quelque chose que l’Espagne connaît bien, ce que nous allons faire c’est la gérer comme nous l’avons toujours fait », a déclaré Arancha Gonzalez Laya qui était l’invitée, lundi soir, de l’émission Hora 25 sur la radio privée espagnole Cadena Ser.




La tête froide

« Ce n’est pas un problème courant, mais ce n’est pas nouveau non plus. Il y a eu des situations similaires dans le passé. Cela peut avoir des degrés différents et en tout cas, nous maintenons les canaux opérationnels en vigueur avec les autorités marocaines pour comprendre l’origine de cette arrivée, notamment par Sebta.

Nous le ferons comme nous l’avons toujours fait, en gardant la tête froide et en cherchant toujours à protéger nos frontières et à rapatrier ceux qui entrent irrégulièrement dans notre pays », a expliqué la cheffe de la diplomatie espagnole.

Techniquement, l’Espagne a décidé d’envoyer 200 membres de la police et de la Garde civile à Sebta. Mais politiquement, le Parti populaire, l’équivalent de l’Istiqlal marocain, a appelé le gouvernement espagnol « à garantir de manière immédiate l’intégrité de nos frontières.




Et à coordonner avec le royaume du Maroc le rapatriement des immigrés dans leur pays ». De son côté, le parti espagnol Vox, radical et d’extrême droite, a indiqué que « cette invasion de mineurs est le résultat du consensus progressiste de politiciens, de journalistes et de responsables au pouvoir qui nous diabolisent pour avoir dénoncé cette situation ».

Pourtant, les frontières entre le préside occupé de Sebta et le reste du territoire marocain sont fermées depuis plusieurs mois.

Les autorités marocaines ont souvent suppléé l’incapacité de leurs homologues espagnols à empêcher les candidats à l’immigration clandestine à accéder aux villes occupées de Sebta et de Melilla ou de traverser les 14 kilomètres qui séparent la rive sud de la Méditerranée de l’Europe.




Ce qui s’est produit hier obéit à une double conjonction entre une ville, paupérisée en raison de la fin du trafic de marchandises entre la ville occupée de Sebta et Fnideq, ainsi que des conditions climatiques qui rendent faciles la traversée par mer des 2 kilomètres qui séparent les deux villes: une marée très basse et une température élevée pour le mois de mai.

Les images de la facilité avec laquelle on peut accéder à Sebta par la mer font rage sur les réseaux sociaux et encouragent des milliers d’autres candidats à l’immigration clandestine, dont de nombreux Subsahariens, à tenter une traversée peu risquée et nécessitant très peu de moyens logistiques.

C’est encore aux autorités marocaines d’empêcher, comme ils l’ont toujours fait, ces candidats d’atteindre leur objectif. Y arriveront-elles? Seront-elles débordées?




Car la déferlante d’hier a clairement montré que l’Espagne et les pays européens sont impuissants face au phénomène migratoire qui va s’accentuer avec la crise économique générée par le Covid-19.

Pendant que les pays européens engagent une lutte féroce pour vacciner d’abord leur population sans aucune forme d’empathie envers le continent africain, les populations du continent, qui transitent par le Maroc, seront de plus en plus déterminées à atteindre le sud de l’Europe. Le Maroc devrait faire face, seul, à ce problème?

À la faveur des événements de Sebta, c’est toute la réflexion autour de l’immigration qui devrait être repensée entre l’UE et le Maroc, qui ne devrait pas recevoir des lots de matériel et un pécule risible, mais être considéré comme un partenaire crucial qui devrait être associé à toute stratégie efficiente pour empêcher la déferlante des Africains vers l’Europe.