mercredi, décembre 3, 2025
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L’ex-président bissau-guinéen demande l’asile politique au Maroc

Renversé par un coup d’État fin novembre, l’ancien président de la Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embaló poursuit son exil. Après Dakar et Brazzaville, il demande désormais l’asile politique au Maroc, alors que son pays traverse une crise institutionnelle majeure.

Umaro Sissoco Embaló demande l’asile politique au Maroc après son renversement en Guinée-Bissau

Renversé le 26 novembre par une junte militaire menée par le général Horta N’Tam, l’ex-président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló poursuit une errance diplomatique à travers l’Afrique de l’Ouest et centrale. Après avoir transité par Dakar et Brazzaville, il a atterri ce mercredi à Rabat, où il sollicite officiellement l’asile politique au Maroc, selon des informations de Jeune Afrique et de plusieurs sources régionales.

Un exil accéléré après le coup d’État du 26 novembre

Depuis son éviction brutale du pouvoir, Umaro Sissoco Embaló enchaîne les déplacements. Selon le média panafricain Jeune Afrique, il a quitté Bissau quelques heures après le coup d’État avant de se réfugier d’abord à Dakar, puis à Brazzaville, où sa présence avait été confirmée samedi dernier par l’AFP. L’ancien chef d’État est réputé proche du président congolais Denis Sassou Nguesso, considéré comme l’un de ses soutiens diplomatiques les plus fidèles.

Cette semaine, Embaló a poursuivi son périple en se rendant à Rabat à bord d’un vol privé, accompagné de plusieurs collaborateurs. Le magazine précise que l’ex-président devrait séjourner au Maroc pour une durée indéterminée, le temps pour lui de trouver un refuge politique stable.

Le Maroc, nouvelle étape stratégique de son refuge politique

La demande d’asile déposée à Rabat marque une nouvelle étape majeure dans l’exil d’Umaro Sissoco Embaló. Pour l’ancien dirigeant bissau-guinéen, le Maroc représente une destination stratégique, à la fois pour sa stabilité, son influence diplomatique et ses liens réguliers avec les dirigeants ouest-africains.

Selon Jeune Afrique, aucun calendrier n’a encore été fixé concernant la durée de son séjour au royaume, mais le choix de Rabat s’inscrit dans une volonté de se placer sous la protection d’un État respecté sur la scène africaine.

Une Guinée-Bissau replongée dans une crise profonde

Le coup d’État du 26 novembre, mené par le général Horta N’Tam, a profondément bouleversé la Guinée-Bissau, un pays déjà marqué par une instabilité chronique. Les putschistes ont suspendu les élections présidentielle et législatives initialement prévues le 23 novembre, affirmant avoir agi pour « rétablir l’ordre » après avoir découvert un prétendu « plan de déstabilisation impliquant des barons de la drogue ».

Ancien chef d’état-major de l’armée de terre, le général Horta N’Tam a été désigné président de la transition pour une période d’un an. Cette transition, imposée par la force, suscite de nombreuses inquiétudes quant au respect des principes constitutionnels et de l’État de droit.

Réactions internationales : condamnations et suspensions

La communauté internationale a réagi rapidement. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dénoncé une « violation grave des principes démocratiques », tandis que la CEDEAO et l’Union africaine ont suspendu la Guinée-Bissau de toutes leurs instances.
Ces décisions isolent davantage un pays déjà fragilisé par un passé politique extrêmement instable.

Un pays habitué aux putschs et gangrené par le trafic de drogue

Depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’État réussis et une multitude de tentatives avortées. Miné par la pauvreté, la corruption et son rôle crucial dans les routes du trafic de cocaïne reliant l’Amérique du Sud à l’Europe, le pays de 2,2 millions d’habitants replonge une nouvelle fois dans une période d’incertitude et de fortes tensions politiques.

L’exil d’Embaló et la mise en place d’une transition militaire ouvrent une nouvelle page délicate, alors que la communauté internationale s’inquiète d’un retour durable à l’autoritarisme.