mercredi, décembre 3, 2025
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Sorbonne : pourquoi les marocains paieront beaucoup plus cher

L’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne met fin à l’exonération des droits d’inscription pour les étudiants extra-communautaires. Les frais de scolarité des Marocains, Algériens et Tunisiens seront multipliés par dix dès la rentrée, malgré une forte contestation interne.

Paris 1 Panthéon-Sorbonne : fin des exonérations et explosion des frais d’inscription pour les étudiants marocains

Sous pression financière, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a adopté une mesure radicale : la suppression des exonérations de frais d’inscription pour les étudiants non-européens. Une décision qui entraîne une hausse spectaculaire des tarifs dès la prochaine rentrée universitaire, touchant de plein fouet les étudiants marocains, algériens et tunisiens, désormais contraints de payer le tarif plein, multiplié par dix.

Une décision budgétaire aux conséquences majeures

Confrontée à une situation budgétaire jugée critique, Paris 1 Panthéon-Sorbonne a officiellement validé la fin de l’exonération des droits d’inscription pour les étudiants extracommunautaires. La direction affirme avoir fait ce choix « à regret », évoquant un déséquilibre financier aggravé par les politiques nationales, notamment en matière de financement universitaire.

Cette décision marque un tournant pour cet établissement prestigieux, qui attirait chaque année de nombreux étudiants venant du Maroc, d’Afrique du Nord ou d’autres régions du monde.

Des frais de scolarité multipliés par dix

L’impact financier est inédit. La nouvelle grille tarifaire, adoptée par le conseil d’administration, entraîne une augmentation drastique des frais d’inscription :

  • Le prix de la licence passe de 178 € à 2 895 €, soit plus de dix fois plus.

  • Les frais de master bondissent de 254 € à 3 941 €.

Ces montants rendent désormais l’accès à la Sorbonne beaucoup plus difficile pour les étudiants non-européens, qui devront assumer des coûts considérablement supérieurs, en plus des dépenses liées à la vie étudiante en France.

Des exemptions… qui ne concernent pas les Marocains

Si certaines catégories restent exemptées — notamment les étudiants de l’Union européenne, les personnes en exil ou les ressortissants des pays les moins avancés (PMA) selon les critères de l’ONU — cette réforme ne s’applique pas aux étudiants originaires du Maroc, d’Algérie et de Tunisie.

Bien que nombreux et historiquement très présents à Paris 1, ces étudiants ne figurent pas dans la liste des pays considérés comme les plus vulnérables, et devront donc supporter la totalité du tarif plein, ce qui soulève de vives inquiétudes quant à leur avenir académique en France.

Une levée de boucliers au sein de l’université

La mesure a provoqué un tollé au sein du campus. Plus d’une centaine d’enseignants et de personnels ont signé une tribune dénonçant une décision « injuste » et susceptible d’ouvrir la voie à une université à deux vitesses, réservée aux étudiants les plus aisés.

Les signataires alertent également sur un risque de recul de l’attractivité internationale de l’université française, à un moment où les étudiants étrangers font déjà face à :

  • des frais de visa en hausse,

  • des loyers de plus en plus élevés,

  • le débat sur la suppression des APL pour les étrangers.

Une réforme qui pourrait redessiner le paysage universitaire français

Au-delà de Paris 1, cette hausse spectaculaire pourrait faire tache d’huile et transformer durablement la relation entre les universités françaises et les étudiants internationaux. Les Marocains, historiquement parmi les communautés étudiantes les plus représentées en France, pourraient être particulièrement touchés par ce changement.

La décision de la Sorbonne relance ainsi le débat sur le financement de l’enseignement supérieur public et sur la place des étudiants étrangers dans le modèle universitaire français.