Tourisme : pourquoi les MRE sont dans les statistiques officielles

novembre 16, 2025 LPJM

Maroc : la ministre du tourisme clarifie la comptabilisation des MRE et détaille les priorités du secteur

Lors de la présentation du budget sectoriel du ministère du Tourisme à la Chambre des représentants, Fatim-Zahra Ammor a apporté des éclaircissements importants sur l’intégration des Marocains résidant à l’étranger (MRE) dans les statistiques touristiques. Elle a également dressé un bilan des performances du secteur et exposé les axes stratégiques pour renforcer le tourisme national et interne.

La ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire n’a pas éludé les interrogations des députés concernant la méthodologie adoptée pour comptabiliser les MRE dans les chiffres officiels. Devant la Commission des secteurs productifs, Fatim-Zahra Ammor a insisté sur le fait que cette pratique ne constitue en rien une exception marocaine : elle répond à des normes internationales définies par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Selon elle, la diaspora joue depuis plus de deux décennies un rôle déterminant dans la dynamique du secteur, représentant entre 46 % et 54 % des arrivées au Maroc depuis vingt-quatre ans.

Pour illustrer la portée universelle de cette approche, la ministre a cité des pays comme la France ou le Portugal, qui incluent également leurs ressortissants installés à l’étranger dans leurs propres statistiques touristiques. Dans certains cas, a-t-elle précisé, la diaspora dépasse même le nombre de visiteurs étrangers. S’exprimant sur les perspectives, Fatim-Zahra Ammor a rappelé son ambition d’atteindre le cap des 20 millions de touristes, tout en admettant que cet objectif reste modeste en comparaison de destinations comme l’Espagne, qui avait atteint ce volume dès les années 1970 grâce à une politique d’investissement massive et continue.

Elle a ensuite mis en avant les performances remarquables du Maroc au cours des derniers mois. À fin septembre 2025, le pays a accueilli 15 millions de touristes, générant plus de 100 milliards de dirhams de recettes en devises à fin août. Une dynamique qui, selon la ministre, se traduit directement par la création d’emplois, l’un des piliers prioritaires de la stratégie gouvernementale dans le secteur.

Fatim-Zahra Ammor a également consacré une partie importante de son intervention au tourisme interne, qu’elle considère comme un levier stratégique. Ce segment représente près de 30 % des nuitées dans les établissements hôteliers classés. Si son potentiel est réel, la ministre reconnaît les freins qui entravent encore son développement : manque d’offres variées, capacité d’hébergement insuffisante et absence de produits adaptés aux attentes des voyageurs marocains.

Pour y remédier, elle a détaillé une feuille de route axée sur la diversification des chaînes touristiques et la création d’une activité étalée sur toute l’année. L’objectif : permettre à chaque région de construire une véritable identité touristique, fondée sur ses ressources naturelles et culturelles. Qu’il s’agisse du tourisme balnéaire, saharien ou oasien, le ministère veut encourager des produits structurants qui valorisent les territoires tout en adaptant l’hébergement aux réalités locales.

Dans ce cadre, la ministre a mis en avant le travail réalisé pour bâtir un écosystème touristique intégré, combinant hébergement, transport terrestre et aérien, infrastructures et offres de loisirs. Elle a rappelé le lancement du programme « GO Tourisme », pensé pour accompagner la montée en compétences et le développement de 1.700 entreprises touristiques. À ce jour, 1.100 structures ont déjà bénéficié d’un accompagnement, tandis que 500 autres sont en cours de déploiement d’ici la fin de l’année.