dimanche, novembre 16, 2025
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(Vidéo) Le Maroc offre à l’Algérie l’occasion de sauver la face

Omar Hilale clarifie la position du Maroc : fermeté face au Polisario, ouverture envers l’Algérie

Entre diplomatie mesurée et avertissements fermes, le Maroc ajuste son discours. Dans une interview accordée à BBC Arabic, l’ambassadeur Omar Hilale détaille les motivations du plan d’autonomie et répond aux menaces du groupe séparatiste armé qui se fait appeler « Polisario », tout en laissant ouverte la porte d’un rapprochement avec Alger.

Un discours à deux vitesses qui révèle une stratégie diplomatique assumée

Dans ses récentes déclarations médiatiques, le représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, a adopté un ton à la fois ferme et nuancé : intransigeant face aux menaces du Polisario, nettement plus diplomate lorsqu’il évoque l’Algérie. Ce contraste, loin d’être fortuit, reflète selon plusieurs observateurs un repositionnement politique plus large dans un contexte régional en mutation.

Interrogé par BBC Arabic, le diplomate marocain a expliqué en détail les fondements qui ont conduit le royaume du Maroc à soumettre, en 2007, l’initiative d’autonomie pour ses provinces du Sud. Une proposition devenue, au fil des ans, le socle de la position marocaine sur le dossier du Sahara dit occidental.

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Le plan d’autonomie : un geste de bonne volonté pour tourner la page d’un demi-siècle de tensions

Omar Hilale a rappelé que la démarche marocaine s’inscrit avant tout dans une volonté de stabilisation régionale. Selon lui, l’initiative d’autonomie vise à instaurer un climat de confiance avec l’Algérie en dépassant un différend qui « a paralysé le développement du Maghreb arabe pendant plus de cinquante ans ».

Il ajoute que cette proposition répond à une attente humanitaire : offrir aux populations des camps de Tindouf la possibilité de retrouver leurs proches, leurs villes et un avenir politique structuré.

Le diplomate marocain souligne également que cette initiative n’était pas une évidence historique. « Le Maroc aurait pu se contenter d’affirmer que le Sahara est marocain, point final », explique-t-il. Ce sont les consultations avec l’ONU et des pays partenaires que le Maroc considère « amis » qui l’ont convaincu d’adopter une approche plus inclusive, permettant à toutes les parties de préserver leur dignité — un message adressé notamment à l’Algérie.

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Le Maroc privilégie une solution sous l’égide de l’ONU

Malgré la possibilité juridique de mettre en œuvre de manière unilatérale un projet d’autonomie dans les provinces du Sud, Omar Hilale insiste : le Maroc souhaite une solution agréée par tous, dans le cadre strict du processus onusien.

Le royaume considère qu’une résolution du Conseil de sécurité est indispensable pour clore définitivement ce dossier. L’objectif n’est pas seulement de régler un conflit gelé, mais d’établir une base politique stable pour l’avenir du Maghreb.

Washington veut rapprocher Rabat et Alger : Hilale prudent mais ouvert

La question du rôle des États-Unis dans un éventuel rapprochement entre le Maroc et l’Algérie a également été abordée. Steve Wittkoff, émissaire spécial du président Donald Trump, avait en effet évoqué, en octobre, un projet visant à favoriser le dialogue entre les deux voisins.

Sur ce point, Omar Hilale se veut mesuré. Il affirme ne pas avoir d’informations supplémentaires sur cette initiative, mais salue l’effort américain visant à promouvoir la stabilité régionale et à encourager une coopération bilatérale.

« Le Maroc reste ouvert à toutes les médiations », insiste-t-il, rappelant que le royaume n’a jamais fermé la porte à un réchauffement diplomatique avec Alger.

Un message ferme au Polisario : “Nos frontières sont protégées”

Si le ton est conciliant envers l’Algérie, il devient nettement plus tranchant lorsque l’ambassadeur évoque les déclarations menaçantes du chef du Polisario, Brahim Ghali.

Hilale rappelle que le Maroc dispose d’une capacité de réponse claire : « Nos frontières et nos citoyens sont protégés. » Il renvoie également à la mise au point du roi Mohammed VI, qui avait affirmé en novembre 2020 que, bien que le Maroc respecte le cessez-le-feu de 1991, il se réserve le droit de réagir fermement en cas d’agression.

Cette posture vise à envoyer un avertissement sans équivoque : aucune escalade militaire ne sera tolérée.

Entre ouverture diplomatique et fermeté sécuritaire : la doctrine marocaine actuelle

Le discours d’Omar Hilale résume la stratégie marocaine :

  • une main tendue vers Alger, dans l’espoir d’un dégel régional encouragé par Washington ;

  • une ligne rouge non négociable face au Polisario, dont les menaces sont systématiquement contrées par des messages de fermeté.

Cette posture duale, mêlant pragmatisme diplomatique et intransigeance sécuritaire, met en lumière la volonté du Maroc de maintenir un équilibre : favoriser la paix régionale tout en défendant résolument son intégrité territoriale.