Trafic de fonds : vigilance renforcée dans les aéroports du Maroc
Le Maroc renforce les contrôles douaniers et financiers dans ses aéroports après des alertes européennes sur des réseaux de trafic et de blanchiment d’argent.
Fin d’année : le Maroc renforce la vigilance dans ses aéroports après des alertes européennes sur des réseaux de blanchiment
À l’approche des fêtes, les douanes marocaines et l’Office des changes ont activé un niveau de vigilance inédit dans plusieurs aéroports du Royaume. Cette intensification des contrôles fait suite à des informations transmises par des partenaires européens alertant sur l’activité de réseaux spécialisés dans le trafic de fonds, le blanchiment d’argent et le transport illégal de devises via le Maroc.
Un dispositif exceptionnel déclenché dans les aéroports du Royaume
Alors que les fêtes de fin d’année approchent, période marquée par un pic de mobilité internationale, les services de douanes et l’Office des changes ont activé un dispositif opérationnel renforcé dans les principaux aéroports du pays. Cette mesure intervient à la suite d’alertes transmises par plusieurs partenaires européens, notamment espagnols, faisant état d’un regain d’activité de réseaux organisés de trafic de devises et de blanchiment de capitaux.
Ces sources européennes ont communiqué aux autorités marocaines une liste nominative d’au moins 17 individus suspectés, décrits comme actifs dans des circuits financiers illégaux en Europe et utilisant le Maroc comme hub logistique, point de transit ou base de départ pour déplacer des fonds importants.
Coordination renforcée entre douanes et Office des changes
Selon des sources informées sollicitées par Hespress, les équipes des deux institutions ont resserré leur coopération autour de plusieurs points sensibles : les zones de change, les flux passagers, les déclarations de devises, mais aussi le contrôle des bijoux, or, montres de luxe ou objets de valeur pouvant servir de vecteurs de dissimulation financière.
Les profils signalés incluent à la fois des Marocains et des binationaux, soupçonnés de liens avec des milieux de l’import-export, un secteur régulièrement utilisé par les réseaux de blanchiment pour masquer l’origine illicite des fonds.
Vers des inspections directes de voyageurs identifiés comme à risque
Dans les prochains jours, les services douaniers appliqueront des inspections renforcées, au départ comme à l’arrivée. Les contrôleurs s’intéresseront particulièrement à l’authenticité des factures, certificats de propriété et documents douaniers, souvent utilisés pour justifier la possession d’objets de luxe.
Plusieurs signaux faibles ont récemment été enregistrés, notamment des tentatives de transport illégal de fonds dissimulés dans des bijoux ou montres coûteuses, un stratagème de plus en plus employé par des voyageurs se rendant en Europe durant les fêtes.
Chaque document présenté sera minutieusement vérifié afin de s’assurer de la concordance entre la déclaration et la valeur réelle des biens, conformément aux règles de contrôle en vigueur.
Sanctions sévères pour non-déclaration ou trafic de devises
Face à l’ampleur des risques, l’Office des changes appliquera rigoureusement le cadre réglementaire. Les sanctions prévues sont particulièrement lourdes : des amendes pouvant atteindre six fois le montant non déclaré, assorties de peines d’emprisonnement allant de trois mois à cinq ans.
La réglementation marocaine impose en effet aux citoyens et résidents de rapatrier et convertir en dirhams toute liquidité générée à l’étranger. Ce mécanisme vise à protéger les réserves nationales en devises et l’équilibre des échanges extérieurs, considérés comme stratégiques pour la stabilité économique du pays.
Hausse des tentatives de sortie illégale de devises en fin d’année
Les contrôleurs s’appuient également sur les rapports internes d’évaluation des risques, qui signalent chaque année une hausse notable des tentatives de transport illégal de devises durant la période festive. Ces violations concernent notamment les déclarations d’allocations de voyage, fixées à 100 000 dirhams annuels, bien que certains cas particuliers (soins médicaux, scolarité à l’étranger) puissent échapper au plafonnement.
Surveillance renforcée des comptes en devises et transferts bancaires
Dans une logique préventive, l’Office des changes a également engagé une démarche auprès des banques marocaines pour obtenir des informations plus détaillées sur les mouvements des comptes en devises appartenant aux personnes identifiées comme suspectes. L’objectif est de détecter toute anomalie ou transfert irrégulier pouvant indiquer une opération de blanchiment ou de financement illicite.
