Algérie : arrêté pour avoir évoqué la marocanité du Sahara oriental
🇩🇿 L’affaire Saïd Bouakba : pourquoi la justice algérienne vise le doyen des journalistes du pays ?
La mise en détention provisoire du journaliste algérien Saïd Bouakba, 79 ans, a ravivé les tensions autour de sujets historiques sensibles, dont celui du Sahara oriental. Accusé de « diffusion de fausses informations » et « atteinte aux symboles de l’État », le doyen des journalistes algériens est poursuivi après avoir évoqué, dans une interview, les positions historiques de dirigeants algériens des années 60 sur les frontières héritées de la colonisation. Une affaire qui s’annonce explosive à l’approche de son procès.
Algérie : le journaliste Saïd Bouakba arrêté pour avoir évoqué indirectement la marocanité du Sahara oriental
La justice algérienne poursuit le journaliste Saïd Bouakba, 79 ans, pour des propos liés au Sahara oriental et aux positions historiques de l’Algérie post-indépendance. Détails, contexte et enjeux géopolitiques d’une affaire sensible.
Un journaliste emblématique au cœur d’une nouvelle polémique
La justice algérienne a engagé des poursuites contre Saïd Bouakba, figure respectée de la presse et considéré comme l’un des doyens des journalistes du pays. Âgé de 79 ans, il est accusé d’avoir diffusé des informations jugées fausses, inexactes et diffamatoires, avec des propos interprétés comme une insulte aux symboles de l’État et aux figures de la guerre d’indépendance.
Ces accusations, relayées par plusieurs médias locaux, sont directement liées à une interview dans laquelle Bouakba évoque, de manière indirecte, la sensible question du Sahara oriental, un sujet historiquement source de tensions régionales.
Une interview qui ravive un dossier historique sensible
Les révélations de Bouakba sur les années 60
Dans une interview accordée à un média en ligne, Saïd Bouakba a rapporté un épisode datant du début des années 60 : lors d’un sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’ancien président algérien Ahmed Ben Bella aurait sollicité le soutien de dirigeants africains, dont Gamal Abdel Nasser, pour défendre le principe des frontières héritées de la colonisation.
Selon Bouakba, Ben Bella aurait également sollicité l’appui des présidents du Ghana et de la Guinée afin de consolider la position algérienne à une époque où la question des frontières restait extrêmement délicate.
Pourquoi l’Algérie ne pouvait pas exprimer sa position ouvertement
Le journaliste rappelle que l’Algérie nouvellement indépendante était engagée dans des différends frontaliers avec le Maroc, ce qui l’empêchait d’exposer publiquement ses intentions.
Il souligne également qu’avant 1962, Ahmed Ben Bella avait lui-même reconnu la marocanité du Sahara oriental et dénoncé les essais nucléaires français réalisés sur ce qu’il qualifiait de territoire marocain.
Ces rappels historiques, rarement évoqués dans l’espace médiatique algérien, sont au cœur de l’affaire qui secoue aujourd’hui le pays.
Une procédure judiciaire accélérée
Plainte du ministère des Moudjahidine et incarcération
L’arrestation de Saïd Bouakba fait suite à une plainte déposée par le ministère des Moudjahidine, institution particulièrement influente en Algérie.
Ce jeudi, un juge d’instruction a ordonné sa détention provisoire, une décision qui a surpris nombre d’observateurs compte tenu de l’âge avancé du journaliste.
Un procès déjà fixé
Le procès a été programmé pour le 5 décembre, laissant peu de temps à la défense pour préparer sa stratégie.
De nombreuses organisations de presse et défenseurs de la liberté d’expression suivent l’affaire de près, évoquant une possible instrumentalisation politique de l’histoire et de la mémoire nationale.
Un précédent : Boualem Sansal également sanctionné
Des propos similaires, une même sanction
Cette affaire n’est pas isolée. L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal avait lui aussi été emprisonné pendant un an pour avoir affirmé, dans une interview à un média français, que le Sahara oriental est historiquement marocain.
Ce précédent met en lumière la sensibilité extrême de ce dossier dans le discours officiel algérien.
Une affaire révélatrice des tensions mémorielles et géopolitiques
Liberté d’expression et enjeux historiques
L’affaire Saïd Bouakba dépasse le simple cadre judiciaire : elle soulève des questions plus larges liées à la liberté d’expression, à la gestion de la mémoire de la guerre d’indépendance, et aux rapports houleux entre l’Algérie et le Maroc.
Une affaire qui risque de faire date
Alors que le procès approche, l’affaire s’annonce comme l’une des plus symboliques de ces dernières années. En prenant pour cible un journaliste de 79 ans, respecté dans toute la profession, la justice algérienne ouvre un débat inflammable sur l’usage politique de l’histoire et des frontières post-coloniales.
