mercredi, novembre 5, 2025
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Tunisie : un appel à récupérer les territoires volés par l’Algérie

Tunisie – Algérie : après la résolution 2797 sur le Sahara, Elyes Kasri relance le débat sur les territoires spoliés

Quelques jours après l’adoption de la résolution 2797 du Conseil de sécurité de l’ONU, confirmant la souveraineté du Maroc sur son Sahara occidental (son Sahara oriental restant toujours spolié), une voix tunisienne s’est élevée pour rappeler un autre contentieux oublié de l’histoire maghrébine.
L’ancien diplomate Elyes Kasri, aujourd’hui analyste politique, a salué cette décision tout en profitant de l’occasion pour interpeller l’opinion tunisienne sur une question sensible : la spoliation de 20.000 km² de terres tunisiennes par l’Algérie à l’époque coloniale.
Dans ses publications, il appelle son pays à « suivre l’exemple du Maroc » pour revendiquer la restitution de ces territoires, riches en ressources naturelles, annexés par l’Algérie française puis conservés par l’État algérien après 1962.

⚖️ Une résolution qui ravive les mémoires régionales

Adoptée le 31 octobre 2025, la résolution 2797, consacrant la solution marocaine d’autonomie sous souveraineté nationale, a eu un écho considérable à travers le monde.
Si elle a été unanimement saluée par plusieurs pays africains et arabes, elle a été vertement critiquée par Alger.
Mais en Tunisie, elle a ouvert un débat inattendu, opposant deux courants :
– les partisans du rapprochement « fraternel » avec l’Algérie
– ceux qui dénoncent un oubli historique — celui d’un territoire tunisien amputé durant la colonisation française, jamais restitué depuis l’indépendance algérienne

Pour Elyes Kasri, cette question refait surface aujourd’hui car le cas du Sahara marocain et celui des territoires perdus de Tunisie relèvent d’une même logique coloniale : des frontières imposées par la France au profit de l’Algérie, sans consultation des peuples concernés.

🗺️ Une spoliation oubliée de 20.000 km²

Dans ses interventions, l’ancien ambassadeur tunisien rappelle les faits : dans les années 1950, alors que la Tunisie était encore sous protectorat français, la France redessine arbitrairement la frontière algéro-tunisienne, attribuant à l’Algérie coloniale environ 20.000 km² de territoire tunisien dans le Grand Erg oriental, entre Fort Saint et Garat El Hamel.
Ce territoire, plus vaste que le Koweït, regorge de ressources énergétiques et minières, notamment d’importants gisements d’hydrocarbures qui constituent aujourd’hui l’un des piliers de l’économie algérienne.

Kasri souligne l’ironie de l’histoire : ces terres, qui auraient dû revenir à la Tunisie indépendante, soutiennent désormais la prospérité énergétique de l’Algérie.

🤝 Promesses trahies et accords oubliés

L’affaire aurait pu être réglée à l’amiable. À l’époque des luttes pour l’indépendance, le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) avait promis au Maroc et à la Tunisie d’aborder « entre frères » la question des frontières une fois la liberté retrouvée.
Mais, après l’indépendance en 1962, ces engagements furent balayés.
Sous Ahmed Ben Bella, puis Houari Boumédiène, Alger adopta une position ferme : conserver les frontières héritées du colonialisme, en dépit des promesses faites.

Le président Habib Bourguiba, fervent défenseur de la cause frontalière, fit de cette restitution une priorité nationale. En 1964, un accord verbal fut même conclu avec Ben Bella au Caire, mais la promesse resta sans suite.
Face à la montée des tensions et à la faiblesse économique tunisienne, Bourguiba fut contraint, en 1968, de reconnaître le tracé imposé par la France — une reconnaissance vécue par de nombreux Tunisiens comme une capitulation historique.

💰 Les richesses, moteur du silence

Pourquoi cette question n’a-t-elle jamais été rouverte ?
Kasri avance une explication simple : les ressources naturelles.
Les territoires contestés abritent d’immenses réserves — près de 6 milliards de barils de pétrole, soit environ 11 % des réserves totales algériennes.
Impossible, dans ce contexte, pour Alger d’envisager une rétrocession.

Ce silence, déplore Kasri, a été entretenu par une diplomatie tunisienne prudente et alignée sur l’Algérie, au détriment de la vérité historique.

🔥 Elyes Kasri brise un tabou régional

Dans une série de publications virales depuis le 31 octobre, l’ancien ambassadeur n’a pas mâché ses mots. Il accuse le pouvoir algérien de duplicité historique, dénonçant un pays « qui se pose en champion de la décolonisation tout en profitant des spoliations coloniales ».
Son message va au-delà de la dénonciation : il appelle les Tunisiens à réévaluer leur position diplomatique et à réaffirmer leur souveraineté historique.
« Le Maroc a su récupérer ce que la colonisation lui avait pris. La Tunisie doit à son tour rouvrir ce dossier et défendre ses droits historiques », écrit Kasri.

🌍 Un débat qui dépasse les frontières

La sortie d’Elyes Kasri ne se limite pas à une polémique nationale. Elle révèle les tensions latentes entre les pays du Maghreb, coincés entre héritages coloniaux non résolus et intérêts économiques divergents.
Alors que le Maroc consolide sa position diplomatique et régionale après la résolution 2797, la Tunisie pourrait, selon certains observateurs, être tentée de repenser ses alliances et de revisiter son rapport historique avec l’Algérie.

🕊️ Vers un Maghreb des vérités assumées ?

Au fond, le message de Kasri rejoint celui que portait déjà le roi Mohammed VI dans son discours du 31 octobre : celui d’un Maghreb lucide, réconcilié et souverain, débarrassé des ambiguïtés héritées du colonialisme.
Mais, pour y parvenir, il faudra d’abord oser regarder l’histoire en face.

« Enfin, le conseil de sécurité des Nations Unies, sous l’impulsion du président américain Donald Trump, met fin par la résolution 2797 (2025) à la fiction subversive et corrosive pour le continent africain et surtout pour le Maghreb de la prétendue république sahraouie.
Dorénavant, la solution pacifique du conflit du Sahara Occidental au regard du droit international et l’exercice du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination seront dans le cadre d’une autonomie dont les modalités restent à déterminer sous la souveraineté marocaine pendant le mandat prorogé d’un an de l’opération onusienne de maintien de la paix MINURSO.
La non participation algérienne au vote en dépit de son statut de membre non permanent du conseil de sécurité et l’abstention de la Chine et de la Russie, membres permanents et soutiens traditionnels de l’Algérie, sont révélatrices du changement profond introduit par cette nouvelle résolution du conseil de sécurité qui ne manquera pas de faire des vagues à l’intérieur du régime algérien qui a bâti au cours du dernier demi siècle sa légitimité sur les deux affaires de Palestine et du Sahara Occidental qui ont fini par le marginaliser à l’intérieur et à l’international.
En dépit des difficultés auxquelles fait face le continent africain, le Maghreb reste, malgré toutes ses richesses, la sous région la plus dysfonctionnelle et la moins intégrée du continent.
Les territoires et les hydrocarbures spoliés à tous les voisins de l’Algérie auront permis à la clique de la Mouradia de déstabiliser le continent et en particulier son voisinage maghrébin et sahélien pendant un demi siècle avant que le monde entier ne se rende enfin compte que cette affaire présentée d’une manière grandiloquente et abusive comme un dossier de décolonisation est en fait une feuille de vigne d’un régime à la légitimité chancelante d’un pays fruit d’un recel territorial colonial au détriment de tous ses voisins y compris la Tunisie dont certains citoyens frappés par le virus de khawakhawite persistent contre toute logique à glorifier avec une obséquiosité suspecte la prétendue grande soeur qui a pourtant spolié plus de 20.000 kilomètres de leur territoire national avec d’appréciables richesses énergétiques, hydriques et minérales.
Les adeptes de « winou el pétrole » finiront-ils un jour par prendre conscience que le pétrole et le gaz qui nous sont servis au compte goutte et notre eau qui est détournée avec une volonté évidente d’asservissement gagneraient à être revendiqués et que tant que ces territoires et richesses n’auront pas été récupérés, il serait illusoire de prétendre que la Tunisie est totalement indépendante et exerce sa pleine souveraineté sur l’intégralité de son territoire national.
Les bourguibistes authentiques ou de circonstance gagneraient pour leur part à méditer le discours du Leader Bourguiba du 5 février 1959 sur les droits historiques de la Tunisie sur le Sahara bien avant qu’il ne soit amoindri par la maladie, les combines de cour et le traumatisme de l’attaque terroriste de Gafsa en janvier 1980 concoctée par nos voisins et (faux) frères libyens et algériens.
Ceux qui se donnaient l’illusion que les concessions territoriales à un régime algérien peu reconnaissant des sacrifices faits par la Tunisie pour son indépendance allaient donner à la Tunisie l’amitié et le respect de ce régime ainsi que le développement et la prospérité devront sérieusement se remettre en question.
Nous avons tous un devoir de mémoire ainsi que de préservation et de passation d’un patrimoine territorial légitime aux générations futures.
Le pétrole et la précieuse eau qui se fait de plus en plus rare se trouvent à l’ouest (le fleuve Mejerda asséché à force de détournements et de barrages du côté algérien et les réserves souterraines de la nappe de l’albien, la plus grande nappe d’eau souterraine du monde) .
Avons nous le droit et l’autorité morale d’y renoncer?
A chacun de procéder à son examen de conscience.« 
Elyes Kasri

« Une des conséquences de la résolution 2797 (2025) du Conseil de Sécurité de l’ONU qui détermine que le règlement pacifique du conflit du Sahara Occidental se fera dans le cadre de l’autodétermination de la population sahraouie sous la souveraineté marocaine dans un délai qui ne doit pas dépasser le mandat prorogé d’un an de la MINURSO, semble indiquer qu’en toute logique géopolitique, les jeux sont faits pour le régime algérien et ses laquais et thuriféraires à l’étranger.
En Tunisie, les anciens collabos d’ommok Akri cèdent la place aux adeptes de la khawakhawite qui refusent obstinément, par aveuglement idéologique ou par instinct de soumission avec des relents masochistes et anti-patriotiques, d’admettre la défaite stratégique du régime algérien et la mise à nu implicite de sa gloutonnerie territoriale au détriment de ses voisins, en se mettant pour une fois du côté de la souveraineté de la Tunisie et de son intégrité territoriale.
Comme au début du siècle dernier, l’histoire est édifiante dans la mesure où l’être humain reproduit des schémas comportementaux étonnement similaires, avec d’un côté des émanations fétides de couardise et de soumission à l’occupant étranger et de l’autre un élan d’abnégation et de patriotisme en dépit et peut être même en raison de la disproportion des moyens en présence. »
Elyes Kasri

« Des « réalistes » pour certains et « défaitistes » pour d’autres, se prévalent de l’intangibilité des frontières pour dénigrer toute requête de restitution des territoires illégalement et injustement octroyés par les ex-puissances coloniales à d’autres pays notamment à l’Algérie au détriment de tous ses voisins y compris la Tunisie.
Le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation a été un compromis qui a permis en 1963 la création de L’union de l’Unité Africaine mais s’est avéré par la suite, outre son péché moral de perpétuation du crime de pillage territorial par les ex-puissances coloniales, assimilable à un crime de guerre, être un obstacle à la stabilité et au développement économique de toutes les régions d’Afrique en particulier l’Afrique du nord et du Sahel.
Ce tracé imposé arbitrairement par les puissances coloniales pour faciliter leur pillage de l’Afrique n’a tenu aucun compte de l’histoire, de la culture et de la cohésion ethnique des territoires découpés, créant ainsi un obstacle majeur à toute cohésion nationale des pays supposément decolonisés et à tout processus démocratique et de développement.
D’autre part, perpétuer les frontières tracées par les puissances coloniales au détriment de leurs voisins pour des considérations propres aux puissances coloniales ferait de ces pays decolonisés des héritiers et plus précisément des receleurs de territoires et de richesses volés par la force armée.
Recourir à l’argument fallacieux de justification de la perpétuation de ce pillage territorial avec ce qu’il peut renfermer de richesses et de moyens de développement pour des peuples voisins, par le nombre de martyrs de la lutte pour la libération nationale, serait déshonorer la cause d’émancipation du joug colonial, d’indépendance et de liberté pour laquelle ces combattants ont fait le sacrifice suprême.
L’Algérie a l’obligation historique et morale de rendre à tous ses voisins les territoires que s’est octroyés pour son compte la France en pensant que l’Algérie lui appartiendrait éternellement.
Ni les armes ni le soudoiement par les fruits du recel des richesses volées servies en contrats de faveur ou en valises de dollars et d’euros n’assureront à l’Algérie ni la paix ni la respectabilité surtout après la chute de la feuille de vigne du Sahara Occidental et la prise de conscience par la communauté internationale de la véritable nature prédatrice et autocratique de ce régime ainsi que sa politique systématique de destabilisation de ses voisins par differents moyens y compris la subversion et le terrorisme.
L’histoire est pleine de retournements et la volonté des peuples et leur attachement à la terre de leurs ancêtres est similaire à une rivière qui finit toujours par rejoindre son lit naturel. »
Elyes Kasri