lundi, novembre 11, 2024
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Le Maroc, 7ème pays source de migration irrégulière vers l’UE

Le Maroc, 7ème pays source de migration irrégulière vers l’UE

Le rapport intitulé Analyse Stratégique des Risques 2024, publié par Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, place désormais le Maroc à la 7ᵉ position parmi les principaux pays sources de migration irrégulière vers l’Union européenne (UE). Ce classement marque une évolution significative des flux migratoires en provenance du Royaume chérifien, reflétant les tendances récentes en matière de migration clandestine et de pressions migratoires sur les frontières européennes.

Le rapport de Frontex sert d’outil essentiel pour l’anticipation et l’évaluation des menaces et défis complexes auxquels les frontières européennes seront confrontées au cours des dix prochaines années. Il propose une analyse minutieuse des risques multidimensionnels, mettant en lumière les enjeux sécuritaires et humanitaires majeurs qui influenceront l’architecture future des frontières de l’UE.

Parmi ces enjeux, on retrouve notamment :
– La migration irrégulière, qui reste une problématique cruciale pour la stabilité des frontières européennes, et qui est en partie liée à des facteurs géopolitiques, économiques et climatiques dans les pays d’origine.
– La criminalité transfrontalière, incluant le trafic de migrants, le trafic de drogue, et d’autres activités illicites profitant des frontières poreuses.
– Le terrorisme international, où certaines routes migratoires peuvent être exploitées par des acteurs terroristes.
– Les menaces hybrides, combinant des méthodes asymétriques et des pressions politiques, économiques ou sociales visant à déstabiliser les États membres de l’UE.

Le rapport souligne la nécessité pour l’Union européenne d’adopter une approche proactive et adaptative dans la gestion de ses frontières, une stratégie qui repose sur plusieurs piliers essentiels :
Un maintien de l’ordre basé sur le renseignement : Cela signifie renforcer les capacités des États membres à collecter et analyser des données relatives aux flux migratoires, aux passeurs et aux menaces émergentes. L’intelligence doit être au cœur de la prise de décision afin de réagir rapidement aux défis évolutifs.
Renforcement de la coopération internationale : Frontex insiste sur l’importance d’une collaboration accrueavec les pays tiers, notamment les pays d’origine et de transit des migrants. Cela inclut des partenariats bilatéraux renforcés et des programmes d’assistance pour aider ces pays à mieux gérer leurs propres frontières.
Valorisation de l’innovation technologique : Les nouvelles technologies, telles que la surveillance par drones, les systèmes de détection avancés et les bases de données biométriques, sont jugées indispensables pour sécuriser les frontières de l’UE. Frontex recommande l’adoption de solutions technologiques de pointe pour surveiller et gérer les frontières de manière plus efficace et agile.

Selon le document de Frontex, le Maroc se classe parmi les 20 premiers pays d’origine des migrants en situation irrégulière arrivant en Europe, occupant la 7ᵉ position de cette liste. Cela reflète une situation migratoire complexe, où le Maroc est à la fois un pays d’origine, mais aussi un pays de transit pour des migrants venant d’Afrique subsaharienne ou venant de l’Algérie. Ce double rôle est crucial dans la gestion des flux migratoires.

Le rapport prévoit que ces dynamiques migratoires, en ce qui concerne les pays d’origine et les principales routes empruntées, devraient rester relativement stables au cours de la prochaine décennie. Les autorités européennes s’attendent à ce que le Maghreb, et en particulier le Maroc, continue de jouer un rôle central dans les routes migratoires vers l’Europe.

En tête du classement de Frontex, on trouve la Syrie, qui continue de générer des flux migratoires importants en raison du conflit persistant et de l’instabilité politique dans la région. Elle est suivie par la Guinée, ainsi que des migrants identifiés comme venant de pays subsahariens non spécifiés. La Côte d’Ivoire et la Tunisie occupent respectivement la 4ᵉ et 5ᵉ place.

L’Afghanistan, un autre foyer majeur de migration, est classé 6ᵉ, juste avant le Maroc. D’autres pays, comme le Bangladesh, l’Égypte, et la Turquie, complètent les dix premières places. Le classement comprend également des nations d’Afrique de l’Ouest et du Nord telles que le Sénégal, le Burkina Faso, le Mali, l’Algérie, et le Cameroun, ainsi que des pays de la Corne de l’Afrique comme l’Érythrée et le Soudan.

L’Algérie, une situation très particulière en France
La migration des Algériens vers la France se distingue par un cadre juridique particulier, notamment grâce à l’accord bilatéral franco-algérien de 1968. Cet accord, signé peu après l’indépendance de l’Algérie, confère aux citoyens algériens un statut migratoire spécifique, les plaçant dans une situation distincte par rapport aux autres ressortissants étrangers. Il garantit des conditions plus favorables en matière de séjour et de travail, permettant aux Algériens d’obtenir plus facilement des titres de séjour, d’exercer des activités salariées ou non salariées, et de bénéficier de certains droits familiaux. Bien que l’accord ait été révisé à plusieurs reprises pour s’adapter aux contextes politiques et économiques changeants, il continue de jouer un rôle clé dans la régulation des flux migratoires entre les deux pays, offrant aux Algériens un régime dérogatoire aux règles générales du droit des étrangers en France. C’est la raison pour laquelle la première communauté étrangère en France en termes de taille est la communauté algérienne. Selon les données de l’INSEE et du ministère de l’Intérieur, les ressortissants algériens représentent la plus grande population étrangère vivant en France.

Ce classement met en lumière la diversité géographique des flux migratoires vers l’Europe, provenant de régions affectées par des conflits, des crises économiques et des catastrophes environnementales.

Frontex attire particulièrement l’attention sur le caractère dangereux des traversées maritimes à travers la Méditerranée et les routes d’Afrique de l’Ouest, qui continueront à être la principale cause des décès parmi les migrants. Le recours à des embarcations vétustes, souvent surchargées, est une méthode privilégiée par les réseaux de passeurs cherchant à maximiser leurs profits.

Les chalutiers et navires de fret, en particulier, sont utilisés pour transporter un grand nombre de migrants, ce qui expose ces derniers à des risques accrus de naufrage et de décès. Ces passeurs se montrent de plus en plus créatifs, exploitant aussi des voiliers, des vedettes rapides, et des canots pneumatiques dans des zones géographiques spécifiques, selon les opportunités offertes par la demande migratoire.

Les passeurs adoptent également des tactiques de « swarming », consistant à déployer plusieurs embarcations de petite taille (souvent des canots pneumatiques) pour submerger les capacités de réponse des autorités. Cela leur permet de réduire les coûts de leurs opérations tout en créant des flux massifs de migrants maritimes qui sont difficiles à contenir.

Pour répondre à ces défis, Frontex souligne l’importance cruciale d’une coopération étroite entre les pays sources de migration et les États membres de l’UE. La gestion de la migration, de l’asile, et des retours nécessite une coordination internationale renforcée pour être plus efficace et durable. Cela inclut :

– La rationalisation du processus de retour des migrants en situation irrégulière vers leurs pays d’origine, afin de réduire les pressions migratoires sur l’UE.
– Le renforcement de la coopération entre l’UE et les pays partenaires non membres, par le biais de partenariats stratégiques visant à prévenir les migrations illégales tout en assurant la protection des droits de l’homme.

Frontex conclut que cette approche intégrée permettra à l’Union européenne de mieux répondre aux défis complexes posés par la migration, tout en garantissant une gestion plus cohérente et globale à l’avenir.




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