mardi, octobre 8, 2024
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Le chef de l’ONU fustige la punition collective des Palestiniens

Le chef de l’ONU fustige la punition collective d’Israël envers les palestiniens

Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a vivement condamné la « punition collective » que subit la population de Gaza, victime d’une souffrance qu’il a qualifiée d’« inimaginable ». Lors d’un entretien avec l’AFP, il a insisté sur le fait que « rien ne justifie » les souffrances infligées aux civils palestiniens par les représailles israéliennes, lesquelles, selon lui, dépassent tout ce qu’il a pu observer depuis le début de son mandat en janvier 2017. Il a décrit la situation dans la bande de Gaza comme étant marquée par des niveaux de morts et de destructions sans précédent, causant une douleur et une dévastation indicibles parmi la population locale.

Tout en rappelant que l’ONU condamne fermement toutes les attaques du Hamas, ainsi que les prises d’otages (prisonniers), António Guterres a tenu à souligner que ces actions, aussi terribles soient-elles, ne peuvent en aucun cas justifier les représailles à grande échelle menées par Israël, qui se traduisent par une souffrance collective des civils palestiniens. « C’est une réalité dramatique que nous observons à Gaza », a-t-il ajouté, évoquant la destruction massive des infrastructures, la montée de la faim, la prolifération des maladies et les morts qui s’accumulent dans ce territoire assiégé (privé d’eau, de nourriture, d’électricité, de médicaments, etc.).

Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas ont pénétré dans le sud d’Israël depuis Gaza, orchestrant une attaque d’une ampleur inédite. En réaction, Israël a juré de détruire l’organisation islamiste au pouvoir à Gaza depuis 2007, lançant une vaste offensive militaire, tant aérienne que terrestre. Cette riposte a déjà causé la mort de 41 226 personnes à Gaza, un bilan qui inclut de nombreuses victimes civiles. Parmi les morts, on dénombre également plus de 200 travailleurs humanitaires, dont une majorité travaillant pour l’ONU, plus de 100 journalistes et des humanitaires délibérément visés…

António Guterres a également insisté sur la nécessité de demander des comptes aux responsables de ces violences. « Rendre des comptes est indispensable », a-t-il déclaré, en précisant que cela s’applique non seulement aux « violations massives » du droit international commises par Israël, mais aussi aux crimes et attaques du Hamas. Selon lui, la communauté internationale ne peut pas fermer les yeux sur les responsabilités de chaque partie dans ce conflit sanglant.

Le secrétaire général des Nations unies continue d’exhorter à un cessez-le-feu immédiat, en soulignant que seule une suspension des hostilités permettrait d’éviter davantage de morts et de souffrances. Toutefois, les efforts de médiation menés par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar sont actuellement dans l’impasse, chacun des deux camps, Israël et le Hamas, s’accusant mutuellement de bloquer tout accord. Face à ce blocage, António Guterres a exprimé son inquiétude quant à la poursuite des violences : « C’est sans fin », a-t-il déploré, en reconnaissant que parvenir à un accord sera « très difficile », tout en conservant l’espoir d’une issue possible.

Dans le contexte de ce conflit, les relations entre le chef de l’ONU et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu semblent extrêmement tendues. Ce dernier n’a pas répondu aux appels du secrétaire général depuis le début de l’offensive en octobre, et António Guterres a reconnu qu’il est peu probable qu’une rencontre entre eux ait lieu, même à l’occasion de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU, où le secrétaire général accueille traditionnellement les dirigeants mondiaux. « Si j’ai bien compris, il a été dit publiquement qu’il n’a pas l’intention de demander à me rencontrer. Alors bien sûr, la rencontre n’aura probablement pas lieu », a-t-il expliqué, tout en ajoutant que ce qui importe vraiment n’est pas la rencontre en elle-même, mais « la souffrance des gens » et « l’absence de solution politique ».

Guterres a exprimé son inquiétude concernant la persistance du déni d’une solution politique durable au conflit israélo-palestinien, en particulier la solution à deux États, qui est continuellement minée par des actions sur le terrain telles que la saisie de terres, les expulsions forcées et la construction de nouvelles colonies israéliennes, qualifiées d’illégales au regard du droit international. Selon lui, ces actions compromettent gravement la possibilité d’une paix durable dans la région.

Le secrétaire général s’est également montré sceptique quant à la possibilité de mettre en place une mission de surveillance des Nations unies pour superviser un hypothétique cessez-le-feu à Gaza. Il a rappelé que ces missions nécessitent l’accord des pays hôtes, ce qui rend difficile leur mise en œuvre dans ce contexte. En parallèle, il a évoqué l’exemple d’Haïti, où le Conseil de sécurité de l’ONU a mandaté une mission multinationale, dirigée par le Kenya, pour aider la police haïtienne à lutter contre les gangs. Toutefois, cette mission, qui devait être une réponse à la violence endémique dans le pays, se heurte à un manque de financement et de soutien, ce que Guterres a qualifié d’« absolument inacceptable ». Il s’est dit étonné de la difficulté à mobiliser des ressources pour une opération policière pourtant limitée.

En réponse aux critiques concernant l’impuissance de l’ONU à résoudre les conflits en cours, que ce soit à Gaza, en Ukraine ou ailleurs, Antonio Guterres a pointé du doigt la responsabilité des États membres, et en particulier celle des 15 membres du Conseil de sécurité. Le chef de l’ONU a affirmé que le Conseil et les institutions financières internationales sont aujourd’hui « obsolètes, inefficaces et injustes », répétant sa conviction que ces organes ne fonctionnent plus comme ils le devraient. Il a reconnu que l’ONU a tenté de proposer des solutions pour mettre fin à ces conflits, mais qu’elle est souvent limitée par un manque de pouvoir et de ressources, la privant des moyens nécessaires pour jouer un rôle véritablement décisif dans la résolution de ces crises mondiales.