dimanche, avril 28, 2024
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(Chronique) Liban, quelle est la situation du pays après l’explosion du port de Beyrouth ?

Liban, quel est la situation du pays après l’explosion du port de Beyrouth ?




Le Liban, pays économiquement faible, aura dû faire faire face à deux drames cet été; le nouveau coronavirus et l’explosion du port de Beyrouth (qui représente près de 80% des importations du pays).




La cause de cette explosion serait dû à un stock d’environ 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium saisies par les autorités il y a plus de six ans.
Le nitrate d’ammonium, utilisé comme base de nombreux engrais azotés, est connu pour avoir causé plusieurs accidents industriels, dont le plus connue reste l’explosion en 2001 de l’usine AZF à Toulouse en France ayant causé 31 morts. Le pays semble aujourd’hui plus engouffré dans la crise et plus divisé que jamais, surtout après que «la main tendue» d’Emmanuel Macron n’a pas pu faire l’unanimité entre les classes politiques du pays du cèdre.
Notamment deux partis politique qui réclament le portefeuille des finances sans essayer de trouver un accord ou un compromis. Le Hezbollah et son allié le parti politique chiite Amal, semblent être responsables de ce conflit interne, le pays est sans gouvernement depuis l’explosion du 4 août.




Cela poussa ainsi le nouveau premier ministre Moustapha Adib, à renoncer à son poste moins d’un mois après sa désignation. Cette explosion aura fait plus de 190 morts et 6500 blessés tout en ayant délogé prés de 300.000 libanais.
Au milieu de ces conflits internes, les plus touchés restent les libanais qui ont manifesté leur mécontentement au ministère de l’Intérieur, avant que l’armée du pays n’intervienne. Le pays connaît actuellement une crise économique sans précédent, souffrant déjà depuis le début de la crise de la covid-19.
Le système économique interne vacillait déjà face à l’inactivité de son port, plaque tournante de l’activité économique du pays. Ayant perdu l’usage du port (situé en plein centre ville) d’une superficie de 1.200.000 km² et pouvant accueillir jusqu’à 475.000 containers par an, le pays s’est vu privé d’une grande partie de sa principale source de revenus.




Emmanuel Macron a essayé tant bien que mal d’aider le pays en essayant de débloquer des milliards d’aides afin de relancer l’économie du Liban, sous certaines conditions dont celle de créer un nouveau gouvernement capable de représenter les différentes communautés du pays qui en compte dix-huit. Le président français a aussi exprimé son intention de venir en aide au Libanais victimes de l’explosion, une initiative malheureusement inaboutie.
Après avoir tenté de créer un nouveau gouvernement, le premier ministre libanais Moustapha Adib s’est vu incapable de trouver un accord entre les différents partis politiques du pays, tandis que le président Aoun a dit vouloir que « le Liban soit déclaré pays laïque » en reconnaissant que « la jeunesse libanaise appelle au changement ».
Parmi les partis politique du pays, le Hezbollah proche de l’Iran et son allié le parti politique Amal (les deux à tendances chiites) ont exprimé leurs opinions sur le sujet.




Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a déclaré fin août « être ouvert à toute discussion constructive sur le sujet […] mais à la condition qu’il s’agisse d’un dialogue libanais et que ce soit la volonté de toutes les parties libanaises. ».
Le parti politique Amal, qui s’occupait du ministère des Finances depuis 2014, ne semble pas être ouvert au dialogue et semble particulièrement être enclin à suivre la route du Hezbollah. Au milieu de ces querelles internes, le président libanais semble être dépassé par les événements.
Tandis qu’Emmanuel Macron a quant à lui exprimé avoir « honte » envers la classe politique libanaise qu’il accuse de « trahison » en rappelant au Hezbollah « qu’il ne doit pas se croire plus fort qu’il ne l’est » avant d’enfoncer le clou en déclarant « ce parti ne peut en même temps être une armée en guerre contre Israël, une milice déchaînée contre les civils en Syrie et un parti respectable au Liban.




C’est à lui de démontrer qu’il respecte les Libanais dans leur ensemble. Il a, ces derniers jours, clairement montré le contraire. La volonté [d’Amal et du Hezbollah] était de ne faire aucune concession ».
Des propos qui n’ont visiblement pas été les bienvenus chez le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah qui a rejeté (comme l’a-t-il exprimé) le comportement condescendant du président français en rétorquant « Nous n’acceptons pas ce langage […], le plus important est le respect. ».
« Nous avons salué le président Macron lors de sa visite au Liban, mais pas sur la base qu’il soit le procureur, l’enquêteur, le juge […], le dirigeant et le gouverneur du Liban », a-t-il ajouté. Au milieu de ce marasme économique, politique, et social, ceux qui souffrent le plus de cette crise sont et resteront les libanais. En effet, une grande partie de leur alimentation était directement importée de l’étranger.




Mais avec l’absence du port et l’écosystème économique qu’il engendrait à lui seul, les libanais sont dans une crise sans précédent aussi bien économiquement que socialement. La France n’ayant pas pu établir un dialogue rassurant, le Liban se retrouve aujourd’hui (presque) seul face à un problème qui nécessite l’aide d’un collectif et qui ne peut être géré par une seule entité.
La tension monte chez le peuple qui réclame la démission du président, ainsi que le démantèlement de certains partis politiques solidement implantés depuis des décennies dans le pays, rongé par la corruption (classé 143ème sur 180 pays). Il serait en effet temps de trouver un accord afin de ne pas créer une guerre civile.
Ghandi avait dit « Là où il n’y a le choix qu’entre lâcheté et violence, je conseillerai la violence. » Il semble aujourd’hui que le peuple libanais pense la même chose, après avoir été témoin de la corruption régnante sur le pays depuis plusieurs décennies, qui eut finalement raison de sa perte face à la première crise venue (celle de la covid-19).
Omar Barakate