Un médiateur pour réconcilier l’Algérie avec le Maroc ?
Maghreb : un appel à la médiation régionale pour réconcilier le Maroc et l’Algérie
Le Forum maghrébin du dialogue appelle la Mauritanie, la Tunisie et la Libye à jouer un rôle clé dans une médiation visant à rapprocher le Maroc et l’Algérie.
Face à l’impasse diplomatique entre le Maroc et l’Algérie, le Forum maghrébin du dialogue propose une initiative inédite : mobiliser la Mauritanie, la Tunisie et la Libye pour favoriser un processus de réconciliation régionale. Selon les initiateurs, ces trois pays disposent chacun d’atouts spécifiques pouvant contribuer à créer un climat de confiance et relancer le dialogue entre les deux puissances du Maghreb.
Le Forum maghrébin du dialogue plaide pour une médiation régionale entre le Maroc et l’Algérie
Mauritanie : un acteur neutre doté d’une diplomatie équilibrée
Dans son appel, le Forum maghrébin du dialogue met en avant la Mauritanie comme le pays le mieux placé pour engager un effort de médiation. Nouakchott entretient en effet des relations « équilibrées et pacifiques » avec Rabat comme avec Alger, sans être entachée par un quelconque passé conflictuel.
Grâce à sa diplomatie reconnue pour sa discrétion, son pragmatisme et son positionnement équidistant, la Mauritanie bénéficierait d’une marge de manœuvre rare dans la région.
La position « prudente » du pays concernant le dossier du Sahara occidental renforce par ailleurs son image de partenaire neutre, fidèle à la stabilité et au dialogue, ce qui pourrait crédibiliser toute initiative portée par Nouakchott.
Tunisie : une tradition diplomatique de modération… fragilisée récemment
Le Forum souligne également le rôle potentiel de la Tunisie, longtemps considérée comme un « atout majeur » dans la recherche du consensus maghrébin grâce à sa diplomatie modérée.
Le pays de Kaïs Saïed dispose d’une autorité morale héritée d’une tradition de compromis qui aurait pu faire de lui un facilitateur naturel entre Maroc et Algérie.
Cependant, cette vocation de neutralité s’est trouvée affaiblie depuis l’alignement diplomatique de Tunis sur la position algérienne concernant le Sahara occidental.
L’incident avait conduit Rabat à rappeler son ambassadeur en août 2022, et le poste n’a été officiellement pourvu qu’en mars 2025 avec la nomination de Hassan Tariq.
Malgré cette tension, le Forum estime que la Tunisie pourrait encore contribuer au rapprochement régional si elle choisissait de réinvestir son rôle traditionnel de médiatrice.
Libye : un pays fragilisé mais un acteur à ne pas exclure
La Libye, bien qu’affaiblie par ses crises politiques et sécuritaires, n’est pas écartée par l’initiative.
Le Forum considère qu’une participation libyenne — même limitée — permettrait d’offrir une dimension plus collective et inclusive au processus de médiation. En impliquant Tripoli, les efforts de rapprochement gagneraient en légitimité régionale, chaque pays se sentant concerné par la stabilité et l’avenir du Maghreb.
Contexte international : Washington veut accélérer le rapprochement
L’appel du Forum intervient dans un climat où des acteurs internationaux s’intéressent eux aussi au dossier.
En octobre, Steve Witkoff, envoyé spécial du président américain Donald Trump, a annoncé que Washington travaillait à un « accord de paix » entre le Maroc et l’Algérie, évoquant un délai de deux mois.
Interrogé récemment, l’ambassadeur marocain aux Nations unies, Omar Hilale, a sobrement renvoyé cet engagement aux responsabilités de l’émissaire américain.
De son côté, le ministre algérien des Affaires étrangères a catégoriquement démenti l’existence de pourparlers entre Alger et Rabat.
En bref… un Maghreb en quête d’initiative commune
L’appel du Forum maghrébin du dialogue met en lumière la nécessité d’une approche régionale pour surmonter l’impasse entre le Maroc et l’Algérie. En mobilisant la Mauritanie, la Tunisie et la Libye, l’organisation espère impulser une dynamique collective capable de recréer les conditions d’un dialogue durable et d’ouvrir la voie à une stabilité maghrébine tant attendue.