Prêtre accusé de pédo-criminalité : les autorités marocaines saisies
Prêtre accusé de pédocriminalité: des juges saisissent les autorités marocaines
Une commission rogatoire adressée au Maroc dans l’affaire du père Yves Grosjean
Les magistrats chargés de l’instruction de l’affaire concernant le père Yves Grosjean, prêtre incarcéré pour des agressions sexuelles sur mineurs en Bourgogne, ont sollicité la coopération du Maroc. Lors d’une audience tenue mercredi, la Chambre de l’instruction de Dijon a annoncé l’émission d’une commission rogatoire internationale adressée aux autorités marocaines.
« Une commission rogatoire internationale a été lancée auprès du Maroc », a confirmé Dominique Brault, président de la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Dijon, précisant que la demande concerne des actes d’enquête, sans en révéler la nature exacte.
Des accusations en France et au Maroc
Le père Grosjean, âgé de 68 ans, a été mis en examen et incarcéré fin mai après la plainte d’un jeune homme affirmant avoir subi des agressions sexuelles en 2010, alors qu’il n’avait que 12 ans. Depuis, le prêtre a reconnu trois autres agressions commises en France.
Par ailleurs, il est également visé par des accusations similaires au Maroc, où il a exercé de 2017 à 2024. C’est à Rabat qu’il avait été envoyé en 2017, à la suite d’une première plainte en France qui avait été classée sans suite. Il y est resté jusqu’à son retour en 2024, moment où de nouvelles plaintes ont émergé.
Des victimes en nombre potentiellement élevé
Un collectif a recensé 17 victimes potentielles, sur les 57 hommes contactés en France par une association caritative, tous ayant côtoyé le prêtre dans leur jeunesse. Selon Emmanuelle Dancourt, présidente de ce collectif, Yves Grosjean aurait été en contact avec « 400 à 500 mineurs » durant sa carrière en Bourgogne. Ces estimations n’incluent pas ses sept années de mission à Rabat.
Contestations du prêtre et réactions des diocèses
Lors de son audition mercredi, le père Grosjean a fermement nié avoir commis des agressions au Maroc.
De leur côté, les victimes reprochent aux diocèses de Dijon et de Rabat leur « silence » face aux comportements récurrents du prêtre. Dans une lettre ouverte publiée lundi, elles ont dénoncé un manque de transparence et de réaction face à ces affaires.
Interrogé par l’AFP, l’archevêque de Rabat, Cristobal Lopez Romero, a assuré n’avoir reçu « aucun signalement » concernant le prêtre. Il a néanmoins admis avoir personnellement observé des comportements « non convenables et dangereux », mais qui, selon lui, « ne constituaient pas des actes délictueux », et n’ont donc pas été transmis à la justice.
À Dijon, le diocèse a rappelé qu’en 2024, le père Grosjean avait été interdit de tout ministère auprès de mineurs, immédiatement après le dépôt de la plainte ayant conduit à son incarcération.