jeudi, octobre 2, 2025
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Maroc : quid de la crise structurelle du système sanitaire

Maroc : quid de la crise structurelle du système sanitaire

Débat parlementaire sur l’avenir du système de santé
Les membres de la Commission des secteurs sociaux de la Chambre des représentants ont consacré une séance marathon à un sujet central de l’agenda social marocain : l’avenir du système de santé.
La réunion, présidée par Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants, a vu la participation du ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tehraoui, confronté depuis plusieurs semaines à des critiques sur la lenteur et les insuffisances de la réforme en cours.
Selon le quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia, les interventions des parlementaires ont insisté sur l’urgence de trouver des solutions pour garantir un accès effectif aux soins et améliorer la qualité des services.

Une crise structurelle du système sanitaire
Les députés, notamment Rachid Hammouni (PPS – Parti du progrès et du socialisme) et Mustapha Ibrahimi (PJD – parti de la justice et du développement,), ont mis en lumière le caractère structurel de la crise sanitaire.
La situation actuelle est marquée par plusieurs difficultés persistantes :
Exclusion sociale : Certaines catégories de la population n’ont pas un accès adéquat à la couverture médicale.
Dépendance au privé : Le secteur privé attire une part croissante des praticiens, accentuant le déficit dans le public.
Inégalités territoriales : Certaines régions restent sous-équipées en infrastructures hospitalières et en personnels de santé.
Ces problèmes soulignent que la réforme ne pourra se faire qu’à long terme, nécessitant des années d’efforts et d’investissement.

La réponse du gouvernement
Face aux critiques, le ministre Amine Tehraoui a reconnu l’ampleur des difficultés, tout en précisant qu’il n’existait pas de solution immédiate pour pallier le déficit en ressources humaines. La stratégie principale repose sur la formation locale des professionnels de santé.
Depuis 2019, le nombre de places en facultés de médecine est passé de 2.650 à 6.400, avec un objectif de 6.500 diplômés par an. Pour atteindre ce but, l’État a créé quatre nouvelles facultés de médecine à Laâyoune, Guelmim, Béni Mellal et Drâa-Tafilalet, coordonnées avec les futurs Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) régionaux.
L’objectif : former des médecins qui resteront exercer dans leurs régions d’origine.
Le ministre a toutefois souligné les limites de l’apport des médecins étrangers et le retour limité des praticiens marocains établis à l’étranger. En effet, seules 600 recrues ont été intégrées, un chiffre jugé insuffisant, en raison de contraintes administratives, d’infrastructures inadaptées et de faibles rémunérations dans le secteur public.

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Une attention particulière aux infirmiers
Le gouvernement mise également sur la formation des infirmiers. En cinq ans, le nombre de places en instituts de formation a augmenté de 2.735 à 9.500, soit une progression de 247 %. Le nombre d’infirmiers a ainsi été multiplié par quatre en moins de cinq ans, selon Amine Tehraoui.
Malgré ces avancées, les députés rappellent que la couverture sociale généralisée n’a de sens que si le service public est performant, accessible et équitable.

Les défis majeurs à surmonter
La réforme du système de santé marocain se heurte encore à de nombreux obstacles :
– Des inégalités régionales
– Une pénurie persistante de médecins
– Un manque d’infrastructures adaptées pour absorber les nouvelles promotions
– Un attrait limité du secteur public, qui perd ses professionnels au profit du privé
– Une pression sociale croissante, la santé devenant l’un des principaux moteurs des contestations populaires

Le système sanitaire marocain, bien qu’en cours de réforme, reste donc fragile et inégal, reflétant des années de sous-investissement et de gestion insuffisante. Pour le gouvernement, la modernisation de la santé publique apparaît comme une course contre la montre afin de répondre aux attentes d’une population de plus en plus consciente de ses droits.