Le Maroc s’apprête à présenter la candidature du caftan marocain à l’Unesco lors de la 20ᵉ session du Comité intergouvernemental à New Delhi. Entre enjeux culturels, économiques et tensions politiques avec l’Algérie, cette inscription vise à consacrer un patrimoine marocain pluri-séculaire et à contrer les tentatives d’appropriation culturelle.
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Qftan tarz Ntaa; Takchita; Lmansoria; Lkeswa Lakbira; Lqmis; Jabador; Gandora; Marlota; Dfina; Jalloub; Takhlila; Chedda Fassia, Chedda Chamalia; Chedda Tanjaouia ; Chedda Tetuania; Chedda Oujdia; Touqida Rbatia; LKeswa Oujdia ; Qftan: Khanjar; Fassi; Rbati; Slaoui; Oujdi ; LKhrib; Lbahja; Brocard Fessi; Haj Omar; Chamali; Denyajat; Asemlal Soussi; Mimouna; Mobra; Jaouhara; Qftan :Tarz l’Ghorza,Tarz l’Hsab,Tarz l’Majboud, Tarz l’ Fetla, Tarz Zemmouri,Tarz Tall, Tarz rranda, Tarz l’ Khanjar; l’Msaouess; Zwaq l’Mâalam; Chaouni; Taâjira Tetuani; Tars; l’Masloul; l’Krouchi; Ettaâsab; Ettanbat; Takrir; Tirach; etc.
Le Maroc à l’aube d’une consécration : l’inscription du caftan marocain à l’Unesco
Après des années d’attente, le Maroc s’apprête à défendre officiellement l’inscription du caftan marocain et des savoir-faire qui l’accompagnent sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette candidature, qui sera examinée à New Delhi en décembre 2025, revêt des enjeux culturels, économiques et politiques majeurs, dans un contexte marqué par une série de tentatives d’appropriation culturelle imputées au régime algérien.
Un rendez-vous déterminant pour un patrimoine millénaire
La candidature du caftan marocain, déposée pour l’Unesco depuis plusieurs années, sera enfin examinée entre le 8 et le 13 décembre 2025 lors de la 20ᵉ session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Cette session, organisée à New Delhi, constitue une étape cruciale pour l’un des habits emblématiques du Royaume, dont l’histoire remonte à près de douze siècles et reflète un héritage culturel d’une grande richesse.
La portée de cette inscription dépasse largement la simple reconnaissance d’un vêtement traditionnel. Le caftan, à travers ses techniques, ses rituels, ses matières et ses artisans, incarne un patrimoine vivant, transmis de génération en génération, et représente un pilier identitaire pour de nombreuses régions du Maroc.
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Une bataille culturelle face aux tentatives d’appropriation algérienne
Depuis plusieurs années, le Maroc se retrouve confronté à une véritable offensive d’appropriation culturelle menée par le régime algérien autour du caftan. Des images d’artisans marocains et de caftans traditionnels ont été utilisées abusivement pour « documenter » un prétendu héritage algérien, tandis qu’une relecture artificielle de l’histoire tentait de redéfinir l’origine de cet habit ancestral.
L’épisode le plus marquant remonte à mars 2023, lorsque l’Algérie glissa dans son dossier d’inscription consacré au « costume féminin de cérémonie dans le Grand Est de l’Algérie » une photographie du caftan ntaâ de Fès, déclenchant un scandale international. Cette tentative d’appropriation, jugée « éhontée », a renforcé la détermination du Maroc à protéger son patrimoine et à rétablir la vérité historique.
L’Algérie, qui utilise les plateformes culturelles internationales pour défendre une stratégie identitaire agressive, a multiplié les manœuvres et récits fallacieux, poussant le Maroc à investir un temps précieux dans la sauvegarde d’un patrimoine pourtant solidement établi dans son histoire.
Une attente longue mais stratégique pour le Maroc
En raison du règlement de l’Unesco qui n’autorise un État à proposer un élément tous les deux ans, le Maroc a dû patienter depuis 2023, année où il avait inscrit le malhoun. L’examen du caftan n’avait alors pas pu être présenté avant 2025. (À noter au passage que le zellige marocain sera inscrit en 2027).
Aujourd’hui, cette patience touche à son terme, et Rabat s’apprête à porter haut les couleurs de cet héritage millénaire. La candidature marocaine vise non seulement à rappeler l’origine authentique du caftan mais aussi à affirmer le rôle majeur qu’il joue dans la vie sociale, économique et identitaire du pays.
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Des enjeux culturels, économiques et sociaux majeurs
Pour les experts marocains, l’inscription du caftan à l’Unesco revêt une importance stratégique. Ahmed Skounti, anthropologue et spécialiste du patrimoine culturel immatériel, souligne que l’inscription sur la liste représentative renforce la visibilité internationale d’un élément culturel, tout en mettant en lumière l’État qui le porte.
Au-delà de cette reconnaissance, le caftan constitue une ressource économique vitale pour de nombreuses communautés d’artisans, de brodeurs, de tisserands, de stylistes et de créateurs qui perpétuent ses techniques. L’inscription permettrait de consolider la transmission des savoir-faire, de renforcer la pérennité des métiers artisanaux et d’améliorer les conditions de vie de ceux qui en dépendent.
Pour autant, les experts rappellent qu’une telle reconnaissance ne doit pas conduire à une surcommercialisation qui dénaturerait son sens culturel, social et patrimonial. La protection du caftan passe également par une gestion équilibrée de sa valorisation économique.
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Un enjeu politique dans un climat régional tendu
Bien que l’Unesco ne soit pas une arène politique, l’inscription du caftan arrive dans un contexte régional marqué par des tensions profondes avec le Maroc entretenues par l’Algérie. Pour Mustapha Jellok, directeur du patrimoine culturel, les enjeux ne sont pas politiques en théorie, mais ils le deviennent de fait dans un climat diplomatique particulièrement tendu.
L’Algérie, membre du Comité intergouvernemental de 2024 à 2028, pourrait tenter d’instrumentaliser le débat pour s’opposer à la candidature marocaine. Mais ses possibilités sont limitées : elle ne dispose d’aucun droit de veto, et l’organe d’évaluation de l’Unesco recommande déjà l’inscription du caftan, estimant que la candidature marocaine « remplit les cinq critères requis ».
De l’avis des experts, lorsque l’organe d’évaluation recommande une inscription, le comité suit presque toujours cette recommandation. Le Maroc aborde donc ce rendez-vous avec confiance.
Les créateurs marocains entre fierté et vigilance
Pour les stylistes et créateurs de caftans, cette inscription serait une véritable consécration. Le créateur Albert Oiknine souligne qu’il s’agit d’un label, d’une reconnaissance du savoir-faire marocain et de la créativité qui accompagne cet habit emblématique. Il rappelle également que s’inspirer d’un modèle ne signifie pas en revendiquer la propriété, appelant au respect des héritages culturels.
Cette inscription serait perçue comme une victoire éclatante contre les tentatives répétées de dépossession culturelle menées par les autorités algériennes.
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Une issue probable malgré les gesticulations algériennes
À l’approche du vote, tous les indicateurs semblent favorables au Maroc. L’examen du dossier par l’organe d’évaluation est concluant, les critères sont validés et l’appui technique est solide. Même si l’Algérie pourrait chercher à politiser le débat, les règles de l’Unesco ne lui permettront pas d’empêcher l’inscription.
Comme au Conseil de sécurité de l’ONU, où elle avait dû assister sans pouvoir intervenir à l’adoption d’une résolution historique sur le Sahara marocain, l’Algérie pourrait une nouvelle fois se retrouver spectatrice d’une décision qui consacre le Maroc sur la scène internationale.

