dimanche, novembre 16, 2025
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Maroc : 1 milliard $ d’investissements dans l’aquaculture

🇲🇦 Aquaculture au Maroc : le Royaume enclenche une révolution bleue

Une transformation stratégique, financée par plus d’un milliard de dollars, destinée à faire émerger un nouveau pilier économique, écologique et social. Avec un potentiel de 300.000 tonnes, 30.000 emplois et 322 exploitations agréées, l’aquaculture marocaine s’impose comme l’un des chantiers les plus ambitieux du modèle de développement.

🌊 Un virage historique pour un pays aux 3.600 km de côtes

Dans un contexte mondial marqué par la raréfaction des ressources halieutiques et l’urgence climatique, le Maroc fait de l’aquaculture l’un des moteurs de son économie bleue. Le pays, doté d’un littoral exceptionnel et d’écosystèmes marins parmi les plus riches au monde, adopte une stratégie qui allie souveraineté alimentaire, durabilité et innovation.

Le rapport phare de la Banque mondiale, « L’avenir bleu du Maroc : l’aquaculture au service de la croissance et de l’emploi », confirme l’ampleur de ce virage. Il révèle un secteur encore jeune — seulement 3.600 tonnes produites aujourd’hui — mais déjà en pleine mutation, avec une vision à long terme capable de transformer tout un pan de l’économie nationale.

📈 Objectifs 2035 : 300.000 tonnes et 30.000 emplois

Le Maroc ambitionne une croissance exponentielle. Les projections affichent :

  • 300.000 tonnes de production aquacole à l’horizon 2035

  • 30.000 emplois directs et indirects

  • 322 exploitations déjà agréées, pour une capacité potentielle de 124.000 tonnes

  • Plus d’un milliard de dollars d’investissements en cours pour l’année

  • Explosion attendue de filières à haute valeur ajoutée : algues, coquillages, crevettes, poissons nobles…

Ce développement s’inscrit dans une stratégie de long terme portée par l’Agence Nationale de Développement de l’Aquaculture (ANDA), centrée sur la durabilité et l’intégration industrielle.

À lire aussi : Les engagements du Maroc en faveur de l’économie bleue

🐟 Diversification des espèces : l’atout marocain

Grâce à la diversité écologique de son littoral atlantique et méditerranéen, le Maroc peut élever une large gamme d’espèces :

  • Poissons (dorade, loup, maigre…)

  • Coquillages (palourdes, moules, huîtres)

  • Crustacés (crevettes)

  • Espèces premium d’exportation

  • Algues, en pleine explosion sur les marchés mondiaux

L’aquaculture marocaine bénéficie ainsi d’une demande internationale croissante pour des produits responsables, traçables et durables.

🧭 Réformes structurelles : un secteur enfin lisible pour les investisseurs

L’essor actuel n’aurait pas été possible sans une série de réformes stratégiques :

✔️ Cartographie nationale des zones aquacoles

Chaque façade maritime a été étudiée pour identifier les sites optimaux selon les espèces et les conditions naturelles.

✔️ Cadre réglementaire modernisé

Des procédures de licences et d’agréments revisitées rendent l’investissement plus fluide.

✔️ Renforcement du commerce extérieur

Le Maroc mise désormais sur un positionnement continental et sur la montée en gamme pour l’export.

Grâce à ces réformes profondes, le secteur attire des investisseurs marocains, mais aussi européens, asiatiques et moyen-orientaux, séduits par les opportunités de croissance.

🌍 Une demande intérieure et internationale en forte expansion

Avec l’évolution des habitudes alimentaires et la prise de conscience des bienfaits du poisson et des produits marins, la demande marocaine augmente rapidement.
La démographie contribue également à accroître les besoins, faisant de l’aquaculture un outil clé pour :

  • réduire les importations

  • stabiliser les prix

  • sécuriser l’approvisionnement national

💰 Un soutien international massif : la Banque mondiale en première ligne

Le Maroc bénéficie d’une implication solide de ses partenaires, notamment :

🟦 Programme pour les Résultats (PforR)

350 millions de dollars mobilisés
+
5 millions de la facilité PROBLUE
→ pour renforcer la durabilité, accompagner les acteurs et financer les infrastructures.

🟦 Programme « Économie bleue en Afrique du Nord »

Une assistance technique ciblée pour l’ANDA, incluant :

  • Études pour choisir les meilleurs sites d’élevage

  • Formations spécialisées (élevage de crevettes, algoculture…)

  • Structuration de filières nouvelles

Selon Ahmadou Moustapha Ndiaye, directeur de Division de la Banque mondiale :

Le Groupe de la Banque mondiale est prêt à accompagner le Royaume pour faire de l’aquaculture une véritable priorité nationale.

🧪 Algoculture : la nouvelle frontière du “Made in Morocco”

Parmi toutes les filières, l’algue se distingue comme la plus prometteuse.

Les algues sont désormais utilisées dans :

  • La cosmétique

  • La pharmaceutique

  • Les textiles biodurables

  • Les fertilisants

  • Les bioplastiques

  • La bioénergie

  • Les solutions climatiques (captation de CO₂)

Plusieurs universités marocaines collaborent avec des start-up innovantes pour développer des biotechnologies basées sur les algues.
L’initiative VitaminSea Maroc, spécialisée dans la crevette durable, illustre cette dynamique.

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⚠️ Des défis persistants : une industrie encore en construction

Malgré les progrès spectaculaires, le secteur doit encore surmonter plusieurs obstacles :

  • Manque de couvoirs nationaux

  • Insuffisance de provenderies spécialisées

  • Déficit de chaîne du froid

  • Capacités industrielles de transformation limitées

  • Logistique encore fragile dans certaines régions

La Banque mondiale souligne toutefois des avancées concrètes, notamment grâce aux partenariats public-privé et aux investissements ciblés.

🌐 Le Maroc face au marché mondial de l’aquaculture

En 2022, la production mondiale d’aquaculture marine a atteint 71 millions de tonnes.

Avec 300.000 tonnes visées, le Maroc se positionne comme :

  • un futur acteur régional clé

  • un leader africain potentiel

  • un contributeur majeur à la transformation du marché méditerranéen

Cette stratégie s’inscrit parfaitement dans la vision globale du Royaume :
faire de la mer un levier de croissance durable et d’innovation souveraine.