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Plus de 70% des marocaines utilisent des méthodes contraceptives

méthodes contraceptives

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Au Maroc, plus de 70 % des femmes ont recours à la contraception, selon l’UNFPA. Entre transition démographique, baisse de la fécondité et enjeux de droits reproductifs, décryptage d’une mutation silencieuse mais déterminante.

Maroc : contraception, démographie et mutations sociales, les chiffres qui redessinent l’avenir

Au Maroc, la question de la contraception ne relève plus seulement de la santé publique. Elle s’impose désormais comme un marqueur profond des transformations sociales, démographiques et culturelles du Royaume. Un récent rapport du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) met en lumière des chiffres révélateurs : une majorité de femmes marocaines utilisent aujourd’hui des méthodes contraceptives, dans un contexte de baisse continue de la fécondité et de recomposition de la pyramide des âges.

Une adoption massive de la contraception au Maroc

Le Maroc affiche aujourd’hui l’un des taux de recours à la contraception les plus élevés de la région. Selon le rapport de l’UNFPA sur l’état de la population mondiale, présenté à Rabat en collaboration avec le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), plus de 70 % des femmes marocaines ont recours à une méthode contraceptive. Ce chiffre atteint précisément 71 % chez les femmes mariées, contre 43 % pour l’ensemble des femmes, toutes situations confondues.

Cette évolution témoigne d’un changement profond dans les comportements reproductifs. Longtemps influencée par des normes sociales et familiales rigides, la planification familiale s’est progressivement imposée comme un choix assumé, porté à la fois par les politiques publiques, l’accès aux soins et une transformation du rapport des femmes à leur corps et à leur avenir.

Les méthodes modernes au cœur des enjeux de santé reproductive

Si le recours à la contraception est largement répandu, le rapport souligne toutefois un point clé : seules 37 % des Marocaines utilisent des méthodes modernes de contraception. Ce chiffre révèle un enjeu majeur en matière de qualité de l’accès aux soins, d’information et de choix éclairé. Le document de l’UNFPA, intitulé « Comprendre l’imperceptible : Agir pour résoudre la crise oubliée des grossesses non intentionnelles », insiste sur la nécessité de renforcer l’éducation sexuelle et reproductive, ainsi que l’autonomie décisionnelle des femmes.

Derrière ces statistiques se cache une réalité plus complexe, où les inégalités territoriales, sociales et culturelles continuent de peser sur l’accès effectif aux méthodes les plus fiables. La contraception devient ainsi un indicateur de justice sociale autant qu’un outil de santé publique.

Une fécondité en nette baisse, symbole d’une transition démographique avancée

Autre donnée marquante du rapport : le taux de fécondité au Maroc est désormais de 2,3 enfants par femme. Ce chiffre confirme une tendance structurelle à la baisse, amorcée depuis plusieurs décennies. Le Royaume s’inscrit ainsi dans une phase avancée de transition démographique, se rapprochant progressivement du seuil de renouvellement des générations.

Cette évolution est étroitement liée à l’urbanisation, à l’allongement de la durée des études, à la participation croissante des femmes au marché du travail et à une redéfinition des priorités familiales. Elle pose toutefois de nouveaux défis, notamment en matière de vieillissement de la population et de soutenabilité des systèmes sociaux à moyen et long terme.

Le Maroc face à une recomposition profonde de sa population

En 2022, la population du Maroc est estimée à 37,8 millions d’habitants, avec un taux annuel moyen de croissance de 1,1% sur la période 2020-2025. Mais au-delà de la croissance globale, c’est la structure même de la population qui évolue. Les moins de 14 ans représentent 26%, tandis que les jeunes âgés de 10 à 24 ans constituent près d’un quart de la population. La tranche des 15-64 ans atteint 66%, confirmant le potentiel démographique du pays, alors que les personnes âgées de 65 ans et plus représentent désormais 8%.

L’espérance de vie moyenne, établie à 77 ans, illustre les progrès réalisés en matière de santé, tout en annonçant une pression future accrue sur les systèmes de protection sociale. Dans ce contexte, la maîtrise de la fécondité apparaît comme un levier essentiel pour accompagner cette transition en douceur.

Contraception, droits et développement : un enjeu stratégique

Le rapport de l’UNFPA rappelle que la contraception ne se résume pas à une statistique. Elle est au cœur des droits reproductifs, de l’égalité femmes-hommes et du développement durable. Au Maroc, les avancées enregistrées traduisent une volonté politique et sociétale de mieux encadrer les grossesses non intentionnelles, tout en laissant apparaître des marges de progrès importantes, notamment en matière d’information et d’accès universel aux méthodes modernes.

À mesure que le Royaume poursuit sa mutation démographique, la question n’est plus seulement de savoir combien de femmes utilisent la contraception, mais dans quelles conditions, avec quels choix réels et quelles garanties de droits. Une interrogation centrale, appelée à prendre encore plus de place dans le débat public des années à venir.

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